Organisé sous haute surveillance de l'armée et des forces de
sécurité intérieure, le rassemblement intervient deux semaines
avant l'ouverture du tribunal international chargé de juger les
futurs inculpés dans l'assassinat de Rafic Hariri.
Premier ministre sous la tutelle syrienne et devenu opposant à
l'hégémonie de Damas au Liban, ce richissime homme d'affaires à la
stature internationale a été tué le 14 février 2005, avec 22 autres
personnes, dans un attentat à la camionnette piégée au coeur de
Beyrouth.
Dans une ambiance festive où slogans politiques se mêlaient aux
danses populaires et chants patriotiques, des centaines de milliers
personnes ont envahi les rues de Beyrouth et convergé vers la place
des Martyrs, sur le front de mer.
Des centaines de minibus et de voitures en provenance de
différentes régions continuaient en fin de matinée de converger
vers le centre-ville, avec à bord des partisans portant des photos
de candidats aux élections législatives du 7 juin.
Mobilisation antisyrienne
Le rassemblement s'est transformé en une mobilisation populaire
en faveur de la majorité parlementaire antisyrienne face à la
minorité menée par le Hezbollah chiite soutenue par Damas et
Téhéran.
"Nos partisans ne nous ont pas abandonnés et nous allons faire de
même. Les élections approchent et ceci (le rassemblement) est une
preuve de notre légitimité", a affirmé Akram Chehayeb, député de la
majorité.
"Le nombre des personnes rassemblées est un indicateur des
résultats des prochaines élections", a pour sa part estimé
Moustapha Allouche, un autre député de la majorité. "Nous sommes
ici pour consolider le mouvement du 14 mars (bloc des formations de
la majorité antisyrienne).
La plupart des manifestants brandissait des drapeaux libanais et
ceux des partis de la majorité issue des législatives organisées
quelques mois après la mort de Rafic Hariri. Femmes, hommes et
enfants portaient également des photos du dirigeant assassiné ainsi
que de son fils Saad, l'un des leaders de la majorité qui devait
prendre la parole au rassemblement avec d'autres hommes
politiques.
afp/jeh
Damas nie toujours être impliquée
Le Tribunal spécial pour le Liban, dont les travaux doivent commencer le 1er mars dans une banlieue de La Haye, a reçu jeudi le soutien du président américain Barack Obama "pour que les responsables de cet horrible crime et de ceux qui ont suivi soient traduits en justice".
Dans un message diffusé lors du rassemblement, l'ancien président français Jacques Chirac, un ami personnel du dirigeant assassiné, a exprimé son "estime", son "amitié" et son "respect" "pour tout ce qu'il (Rafic Hariri) incarnait".
La majorité accuse la Syrie, qui a exercé une tutelle pendant 29 ans sur son voisin, d'avoir commandité l'assassinat de Rafic Hariri ainsi que les meurtres d'autres personnalités libanaises antisyriennes commis par la suite.
Mais Damas, contrainte de retirer ses troupes du Liban deux mois après ce drame, nie toute implication.