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Les crimes au Liban devant la justice internationale

Le Tribunal spécial pour le Liban a ouvert après quatre ans d'enquête.
Le Tribunal spécial pour le Liban a ouvert après quatre ans d'enquête.
Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé de juger les crimes commis au Pays du Cèdre, dont l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, a ouvert dimanche, avec une cérémonie d'inauguration dans la localité de Leidschendam, près de La Haye.

Le Canadien Daniel Bellemare, procureur du tribunal, a annoncé
sur les ondes de la chaîne panarabe à capitaux saoudiens et basée à
Dubaï al-Arabiya qu'il déposerait "dès que possible" la demande
auprès de Beyrouth de transfert des quatre généraux pro-syriens,
seuls suspects encore détenus dans cette affaire.

Il s'est dit confiance que les autorités libanaises lui
répondraient "avec diligence". De son côté, Saad Hariri, fils de
l'ex-chef de gouvernement assassiné et chef du Courant du Futur
(majorité anti-syrienne actuelle) voit dans l'ouverture du TSL "la
fin de l'impunité" au Liban.

Toujours pas d'inculpations

Les quatre généraux pro-syriens qui, au moment de l'attentat qui
causa la mort de 22 personnes en plus de celle de Rafic Hariri le
14 février 2005, dirigeaient les services de renseignement de
l'armée et de la police, une agence de sécurité générale et la
Brigade de la garde présidentielle, n'ont jamais été inculpés (lire
ci-contre).



Un juge d'instruction libanais avait ordonné mercredi la
libération de trois autres suspects, détenus depuis plus de trois
ans en relation avec cet attentat.



Daniel Bellemare a confirmé qu'il n'était pas en mesure de
prononcer une quelconque inculpation malgré quatre ans d'enquête.
"J'agirai sur les inculpations quand je serai prêt.
Malheureusement, je ne peux dire ou prédire quand cela sera",
a-t-il ajouté.

La Syrie nie toute responsabilité

Les deux premiers rapports de la commission d'enquête, créée
deux mois après l'assassinat le 14 février 2005 à Beyrouth, avait
conclu à des "preuves convergentes" mettant en cause les
renseignements syriens et libanais. La Syrie, dont les relations
avec Hariri s'étaient détériorées progressivement, nie toute
implication.



La commission avait ensuite confirmé que l'attentat avait été
perpétré par un kamikaze, encore non identifié, conduisant une
camionnette contenant "plus de 1000 kilogrammes" d'explosifs. Elle
avait révélé l'implication d'un "réseau criminel" et souligné que
les mobiles du crime étaient liés aux "activités politiques" de
Rafic Hariri, opposé en 2004 à la prorogation du mandat du
président libanais Emile Lahoud, un prosyrien.



Ces conclusions convergent avec les dépositions de deux témoins.
Ancien membre des services de sécurité syriens, Mohammad Zouheir
Assadiq a affirmé à la commission que Bachar al-Assad et Emile
Lahoud avaient donné l'ordre d'assassiner Hariri, avant qu'il ne
"disparaisse" en 2008 alors qu'il résidait en France.



Hussam Taher Hussam, un Syrien ayant travaillé pour les
renseignements syriens au Liban, a fait des déclarations similaires
devant la commission, avant de nier tout en bloc, publiquement,
depuis Damas.



agences/jeh

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Anciens hauts-gradés derrière les barreaux

Quatre ans après le début de l'enquête, quatre généraux, considérés comme les piliers de l'ancien système sécuritaire libanais à l'époque de la tutelle syrienne, sont détenus au Liban.

L'ancien chef de la garde présidentielle, le général Moustafa Hamdane, l'ancien directeur général de la Sûreté générale, le général Jamil Sayyed, l'ancien chef des Forces de sécurité intérieure, le général Ali Hajj, et l'ancien chef des renseignements de l'armée, le général Raymond Azar ont été arrêtés depuis août 2005.

Ils sont poursuivis au Liban pour "assassinat", "tentative d'assassinat" et "perpétration d'actes terroristes".

Le juge d'instruction libanais chargé du dossier a rejeté vendredi une nouvelle demande de libération présentée par leurs avocats, une mesure dénoncée comme "arbitraire" par le mouvement chiite Hezbollah, un allié de la Syrie.

Mercredi, deux frères libanais et un Syrien, arrêtés en 2005 et 2006, avaient été libérés.

Ils étaient soupçonnés notamment d'avoir passé sous silence des informations et induit les enquêteurs en erreur.

Le TSL a déjà une aile toute prête pour accueillir ces suspects dans la prison néerlandaise où sont déjà incarcérés les autres détenus de la justice internationale, l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic ou l'ancien président libérien Charles Taylor.