Les autorités européennes ont annoncé mardi soir qu'elles ne renégocieraient pas l'accord de divorce. "L'Union européenne a fait tout ce qu'elle pouvait pour aider à faire adopter l'Accord de retrait", a réagi mardi soir le négociateur en chef européen Michel Barnier. "L'impasse ne peut être réglée qu'au Royaume-Uni. Nos préparatifs en vue d'un 'no deal' sont désormais plus importants que jamais."
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Une bande de députés toujours pas capables de construire une majorité positive.
Interrogé mercredi dans La Matinale, l'eurodéputé belge Philippe Lamberts, co-président du groupe des Verts, parle d'un "triste spectacle de la Chambre des communes (...) d'une bande de députés qui ne sont toujours pas capables de construire une majorité positive".
Très remonté, le co-président du groupe des Verts souligne que cela fait des mois que toutes les cartes sont sur la table. "Toutes les options mais aussi toutes les contraintes sont connues des acteurs, et ce que la Chambre des communes fait sous la houlette de Madame May depuis des mois, c'est construire des majorités contre."
Aujourd'hui, sans doute, se manifestera un vote contre une sortie sans accord.
Philippe Lamberts ne se fait guère d'illusions sur le nouveau vote prévu mercredi soir (lire encadré) au Parlement britannique. "Aujourd'hui sans doute se manifestera un vote contre une sortie sans accord", estime-t-il, "mais la sortie sans accord, c'est ce qui se passe si aucun autre acte juridique n'est posé par le Parlement britannique dans les 17 jours qui viennent. Donc, c'est bien gentil d'être contre une sortie sans accord, encore faut-il alors soit accepter l'accord, soit mettre un terme à la procédure du Brexit en renonçant à sortir de l'Union européenne."
Membre du groupe de pilotage du Parlement européen sur le Brexit, l'eurodéputé voit surtout désormais une troisième voie: convoquer un nouveau référendum en demandant au peuple britannique de se prononcer sur l'accord, "étant entendu que s'ils votent pour l'accord, le Royaume-Uni sort à ces conditions-là, et s'ils sont contre l'accord, le Royaume-Uni reste au sein de l'Union européenne."
Tellement de politiciens britanniques ont investi un capital politique monstrueux à défendre l'indéfendable.
Mais Philippe Lamberts se montre pessimiste sur la capacité des députés britanniques à trouver une issue à la crise. "Ce dont on a l'impression, c'est qu'il y a à la Chambre des communes tellement de politiciens qui ont investi un capital politique monstrueux à défendre l'indéfendable que - pour eux - faire marche arrière, c'est perdre la face de manière irrémédiable. Et donc ils sont prisonniers des positions qu'ils ont prises au fil des mois écoulés, ce qui les rend incapables de changer de position. Et je pense que le peuple britannique peut changer de position sans pour autant perdre la face."
"Cela fait longtemps qu'en contemplant le spectacle que donne la Première ministre britannique et la majorité de la classe politique britannique, il est évident que la possibilité d'une sortie sans accord a augmenté. Mes tripes me disent qu'elle est supérieure à 50% aujourd'hui et que donc il faut vraiment se préparer à ce scénario-là."
Propos recueillis par Chrystel Domenjoz/oang
Encore deux votes au Parlement britannique
Les députés britanniques vont maintenant devoir se prononcer, mercredi soir, sur l'opportunité de quitter l'UE sans accord à la date prévue du 29 mars. Theresa May a précisé mardi qu'il n'y aurait pas de consigne de vote de la part du gouvernement.
Si, comme on s'y attend, les députés rejettent la perspective d'un 'No Deal', qui effraie les milieux d'affaires de la cinquième puissance économique mondiale, un troisième vote aura lieu jeudi sur un report "court et limité" de la date du Brexit.