L'amendement constitutionnel permettant au président - ainsi
qu'à l'ensemble des titulaires de mandats électifs - de se
représenter autant de fois qu'il le souhaite l'a emporté avec
54,36% des suffrages, contre 45,63% pour le non, selon des
résultats partiels publiés dimanche soir par le Conseil national
électoral (CNE), après dépouillement de 94,2% des résultats.
Une "victoire de la révolution"
"C'est une victoire nette du peuple, (...) de la révolution", a
très vite réagi Hugo Chavez. "La vérité a triomphé sur le mensonge,
la dignité de la patrie l'a emporté sur ceux qui la nient, la
constance a gagné", a-t-il également ajouté, vêtu de son
emblématique chemise rouge, devant des milliers de partisans
rassemblés face au palais présidentiel.
"Je jure, qu'à partir de cet instant, je vais me consacrer
pleinement au service du peuple, de manière définitive", a-t-il
encore dit. Le président vénézuélien a ensuite lu un message du
dirigeant historique cubain Fidel Castro le félicitant "pour une
victoire d'une telle ampleur qu'elle est impossible à
mesurer".
Le CNE avait précisé plus tôt que le "oui" avait recueilli 6,3
millions de voix et le "non" cinq millions, selon les résultats
partiels disponibles, tandis que l'abstention atteignait 32,9% des
inscrits.
Immédiatement après l'annonce de la victoire du oui, la ville de
Caracas a été illuminée par des dizaines de feux d'artifices,
tandis que les détonations des pétards résonnaient et que le
président Hugo Chavez se montrait au balcon de son palais de
Miraflores pour chanter l'hymne national.
Des milliers de partisans du chef de l'Etat ont fêté la victoire
du "oui" dans les rues de la capitale agitant des drapeaux rouges,
couleur emblématique du mouvement présidentiel, le Parti socialiste
uni du Venezuela (PSUV).
Premier échec oublié
La règle en vigueur jusque-là n'autorisait pas plus de deux
mandats consécutifs, ce qui aurait obligé Hugo Chavez à quitter le
pouvoir à l'issue de son second mandat, début 2013, sans pouvoir
postuler à nouveau dans la foulée.
Le 2 décembre 2007, les Vénézuéliens avaient rejeté une vaste
réforme d'inspiration socialiste de la Constitution qui prévoyait
déjà la possibilité de réélire le président au-delà de deux mandats
de six ans. Le chef de l'Etat vénézuélien, élu en 1998 et réélu en
2006, argumentait sans cesse qu'il avait besoin de temps pour
approfondir sa "révolution bolivarienne", précisant qu'il
souhaitait rester au pouvoir au moins jusqu'en 2019.
La campagne s'était d'ailleurs centrée sur son bilan, les
chavistes soulignant les progrès sociaux réalisés en dix ans en
matière de santé, d'éducation et de logement, tandis que
l'opposition dénonçait l'insécurité, la corruption et l'inflation
frappant le pays. Le président Hugo Chavez s'est engagé dimanche
soir à s'attacher aussi à ces sujets, en particulier l'insécurité,
première préoccupation de ses concitoyens.
agences/cht/sbo/jeh
L'opposition se reconnaît battue
La victoire du "oui" au référendum constitutionnel autorisant la réélection illimitée des présidents au Venezuela, y compris celle d'Hugo Chavez, a été celle de "Goliath contre David" ont déploré dimanche soir des dirigeants de l'opposition, admettant leur défaite.
"Cette campagne a été celle de David contre Goliath et Goliath a gagné", a déclaré l'un des plus influents dirigeants de l'opposition, Leopoldo Lopez, du mouvement Un nouveau temps (social-démocrate).
"Nous promettons au Venezuela et au monde que nous continuerons le combat jusqu'à obtenir la victoire", a-t-il ajouté.
Le président d'Un nouveau temps, Omar Barboza, a estimé que le gouvernement vénézuélien avait utilisé tous les moyens de l'Etat, "sans scrupules", pour permettre au "oui" de l'emporter, mais s'est félicité que le "non" ait obtenu "plus de cinq millions de voix".
"Notre projet est très différent du projet totalitaire du président Chavez", a-t-il encore dit.
Mais "en tant que démocrates, nous reconnaissons les résultats" de ce scrutin, a-t-il poursuivi, en promettant de continuer à lutter "sur le terrain des idées".
"La bataille de ce jour au Venezuela n'est pas contre le gouvernement (...) ce qu'il faut faire comprendre au Venezuela, c'est qu'il existe un projet différent", a pour sa part déclaré Ismael Garcia, du parti Podemos (ex-chaviste, centre-gauche).
L'eurodéputé espagnol expulsé ne regrette rien
L'eurodéputé espagnol expulsé vendredi du Venezuela après avoir traité le président Hugo Chavez de "dictateur" a assuré dimanche à son arrivée à Madrid qu'il ne regrettait "absolument rien" de ce qu'il avait dit à Caracas.
Luis Herrero, membre du du Parti populaire européen (PPE, conservateur), a déclaré aux médias espagnols l'attendant à l'aéroport de Madrid qu'il ne retirerait "même pas une virgule" de ce qu'il avait affirmé au Venezuela.
L'élu avait été expulsé vendredi soir par les autorités vénézuéliennes après avoir traité publiquement le président Hugo Chavez de "dictateur" et mis en doute la fiabilité du processus électoral au Venezuela.
Il avait été invité par un parti d'opposition, le mouvement démocrate-chrétien Copei, à observer le déroulement du référendum organisé dimanche au Venezuela, sur un amendement constitutionnel qui lèverait la limite de deux mandats consécutifs pour tous les élus, dont le président.
Luis Herrero a ajouté dimanche que ce qu'il avait vu et entendu au Venezuela lui avait paru "absolument imprésentable". Hugo Chavez "est une personne qui ne comprend pas les règles de la démocratie", a-t-il affirmé.
Le président vénézuélien a dit espérer samedi que l'expulsion de cet eurodéputé "ne nuirait en rien" aux relations de son pays avec l'Espagne, tout en estimant que l'attitude du député avait été "lamentable" et "indigne".