Dans le décor futuriste vert et blanc aménagé dans le palais des
expositions de Milan, les délégués de l'assemblée constituante
composée à égalité d'hommes et de femmes ont ovationné Romano Prodi
(68 ans) et Walter Veltroni (52 ans) lorsqu'ils se sont donnés
l'accolade au son de la musique "mi fido di te" (j'ai confiance en
toi) du rappeur italien Jovanotti.
Romano Prodi, qui rencontre les pires difficultés à éviter
l'éclatement de sa majorité hétéroclite, a confié au PD la mission
de réaliser "l'unité des forces réformistes" pour regagner la
confiance de électeurs déçus par les 17 premiers mois de
gouvernement, qui va des centristes catholiques aux communistes et
aux Verts. "Ce parti est le tien", "tu peux compter sur notre
soutien", lui a répondu Walter Veltroni.
Premier test électoral en 2009
Romano Prodi, qui assumera la présidence du parti réformiste
dont il rêvait depuis 12 ans, a défini son rôle comme celui d'un
"garant". Il a souligné que la première épreuve électorale serait
l'élection européenne de 2009, une façon de souhaiter que
l'actuelle législature parvienne à son terme prévu en 2011.
Dans le journal de gauche l'Unita, M. Prodi a fixé comme objectif
minimum au PD «d'arriver à 33% de consensus» dans le pays. Il a
souligné qu'il y avait place à côté de lui pour un pôle de la
gauche radicale, et a souhaité que la recomposition du centre
gauche incite le centre-droit à en faire de même pour rendre
l'Italie «plus gouvernable».
Des réformes
Romano Prodi a encore estimé devant les congressistes que
l'impopularité de son gouvernement "est le prix à payer pour sa
détermination à faire les réformes", et il a confirmé son intention
de se retirer à la fin de la législature en 2011.
La constitution du Parti démocrate et la participation massive des
sympathisants aux primaires font de l'Italie un "laboratoire
politique" pour toute l'Europe, a souligné Walter Veltroni, qui a
pris la parole après Romano Prodi. "Le vote du 14 octobre a été un
vote pour le changement et non pour la continuité", a-t-il
poursuivi.
afp/hof/bri
Les partis unis
Le PD se constitue autour des deux principales composantes du centre-gauche, les ex-communistes des Démocrates de gauche (DS) et les catholiques réformistes de la Marguerite, mais son ambition est de créer une dynamique qui dépasse la simple addition de leurs forces.
En pleine crise
Après dix-sept mois de gouvernement Prodi, l'Italie s'enfonce chaque jour un peu plus dans une crise politique nourrie par les dissensions de sa coalition de centre-gauche, qui se sont encore aggravées jeudi au Sénat italien.
Désormais, tous les commentateurs parient ouvertement sur la chute prochaine du "Professore". Vendredi matin aucun quotidien de la Péninsule ne donnait cher de la survie de l'équipe de Romano Prodi, au lendemain d'un "jeudi noir" marqué par la débandade de sa majorité hétéroclite au Sénat à l'occasion de l'examen d'un décret loi relatif au projet de budget 2006.
"Dire que le gouvernement est arrivé au terminus n'est pas un jugement politique, c'est une constatation", écrit ainsi le Corriere della Sera. Dans ce contexte difficile, la mise sur orbite du Parti Démocratique, la grande formation de centre-gauche présidée par le maire de Rome Walter Veltroni qui tient son assemblée constituante samedi à Milan pour donner une ossature à la majorité, s'annonçait délicate.