Agé de 82 ans, affaibli par les séquelles d'un AVC qui l'empêche de s'adresser aux Algériens depuis 2013 et rendent ses apparition publiques rares, Abdelaziz Bouteflika est la cible d'une contestation massive, jamais vue depuis son élection à la tête de l'Etat il y a 20 ans.
"On voulait des élections sans Boutef, on se retrouve avec Bouteflika sans élections", s'insurge une pancarte, résumant le sentiment des contestataires depuis l'annonce du chef de l'Etat. "Quand on dit non au 5e mandat, il (Bouteflika) nous dit on garde le 4e, alors", indique une autre.
Comme les semaines précédentes, l'emblème national --vert et blanc, frappé du croissant et de l'étoile rouges-- est omniprésent: drapeaux de toutes ailles, brandis ou portés en cape, écharpes, casquettes...
Le drapeau algérien est également largement déployé aux balcons des immeubles. Une dizaine de camionnettes de la police sont garés à proximité du rassemblement mais les policiers n'interviennent pas.
La France et son président brocardés
En manifestant en nombre mardi et mercredi, étudiants et universitaires, puis enseignants et lycéens, ont déjà fait savoir clairement qu'ils estimaient que le message de la rue --le système actuel dans son ensemble doit partir-- n'était pas passé.
Autre nouveauté: de nombreuses pancartes à Alger fustigent également la France --ancienne puissance coloniale-- et son président Emmanuel Macron, qui a "salué la décision du président Bouteflika", tout en appelant à une "transition d'une durée raisonnable".
"C'est le peuple qui choisit, pas la France", indique une grande banderole. "L'Elysée, stop! On est en 2019, pas en 1830", date de la conquête de l'Algérie par la France, rappelle une pancarte.
afp/pym
Forte mobilisation
Il s'agit du quatrième vendredi consécutif de contestation nationale contre le chef de l'Etat qui a annoncé lundi le report de l'élection présidentielle prévue le 18 avril.
A Alger, le nombre exact de manifestants est difficile à établir, ni les autorités ni les protestataires ne communiquant de chiffres. Mais la mobilisation est au moins similaire à celle du vendredi précédent, jugée exceptionnelle par les médias et analystes algériens.
Oran, Constantine et Annaba, les 2e, 3e et 4e villes du pays sont également le théâtre de mobilisations très importantes, selon des journalistes de médias locaux sur place.