Des dizaines de milliers de personnes ont une nouvelle fois dénoncé l'inaction climatique vendredi, en Suisse et ailleurs dans le monde. Que faut-il retirer de l'expression populaire et politique pour assurer l'avenir de l'Homme et de la Terre, à l'heure où les projections scientifiques sont de plus en plus alarmantes ?
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Connu pour son approche critique et ses talents reconnus d’écrivain scientifique, Suren Erkman l’est aussi pour son regard critique sur la cause environnementale. L’universitaire lausannois reconnaît "qu’il y a une belle mobilisation, une belle énergie qui s’exprime, qui est positive et constructive. Mais une traduction de cette mobilisation en actes politiques, on n’y est pas encore."
Une pression bienvenue
Alors est-on en train de se bercer de belles illusions en regardant de manière un peu candide cette jeunesse défiler ? "Non, Il n'est pas mauvais que les responsables politiques sentent qu’il y a une véritable attente et qu'il faut aller de l’avant."
Dans le débat climatique, la question de la responsabilité est récurrente. "Le monde politique ne peut pas tout faire et il a aussi déjà beaucoup fait, nuance Suren Erkman. Attention à ne pas succomber à une démagogie facile qui consiste à critiquer en vrac tous les politiciens. En Suisse, cela fait déjà longtemps qu'un certain nombre d'entre eux ont fait des choses très utiles, même si on pourrait faire mieux et aller plus vite et plus loin."
Greta Thunberg, une icône instrumentalisée ?
Pour le scientifique de l'Université de Lausanne, l'apparition de la jeune Greta Thunberg sur la scène médiatique "s'appuie sur une vraie démarche, bien documentée. C’est une opération de communication, bien montée. J'ai de la peine à croire que ce soit totalement spontané."
L'adolescente suédoise pourrait être une candidate au Nobel de la paix 2019. "Instrumentalisée ou non, c'est secondaire, commente aussi Suren Erkman. Son arrivée a donné quelque chose de très positif, mais il ne faut pas être trop naïf."
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L’argent ne fait pas tout
Le monde politique et économique pourrait faire davantage. Suren Erkman estime que "toute une série de solutions existe et on peut les mettre en œuvre très rapidement. Cela se met en place petit à petit. Ce n’est pas une question d’argent."
Le spécialiste s'appuie sur son expérience personnelle. "Ayant travaillé moi-même pour la convention sur le climat, j'ai constaté que ce n’est pas l'argent qui manquait. Très souvent il y a des fonds à disposition, mais les règles administratives sont tellement complexes pour réaliser les projets qu'elles les freinent ou les annulent."
Olivier Kohler/ani