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Procès Politkovskaïa: les accusés acquittés

Anna Politkovskaïa avait enquêté sur les atrocités commises en Tchétchénie.
Anna Politkovskaïa avait enquêté sur les atrocités commises en Tchétchénie.
Les trois principaux accusés dans le procès du meurtre de la journaliste Anna Politkovskaïa ont été acquittés jeudi par les jurés, ont annoncé les agences de presse russes. La reporter avait été abattue devant son domicile le 7 octobre 2006.

Les audiences n'ont pas permis de faire la lumière sur les
motifs de ce crime et sur l'identité du commanditaire.

Les accusés directement libérés

Les deux frères tchétchènes, Djabraïl et Ibraguim Makhmoudov,
ont été libérés. Ils étaient soupçonnés d'avoir surveillé les
déplacements d'Anna Politkovskaïa et d'avoir conduit sur les lieux
du crimes le tueur présumé, leur frère Roustam qui n'a jamais été
arrêté.



Le verdict d'acquittement concerne aussi l'ancien policier Sergueï
Khadjikourbanov, soupçonné d'avoir organisé la logistique de
l'assassinat, et l'ex-agent du FSB (Services fédéraux de sécurité)
Pavel Riagouzov, qui comparaissait pour des accusations d'extorsion
et d'abus de pouvoir qui n'étaient pas directement liées au
meurtre.



«Les accusés ont été libérés dans la salle du tribunal», a annoncé
Alexandre Mintchanovski, le porte-parole du tribunal militaire de
Moscou où le procès était en cours depuis la mi novembre 2008.

Une enquête qualifiée d'"injuste"

Les enfants d'Anna Politkovskaïa ont écouté le verdict dans le
silence. Leur avocate a une nouvelle fois dénoncé le fait que
l'enquête n'ait pas fait la lumière sur le meurtre de la
journaliste en octobre 2006. «Tout est encore devant nous, et
désormais le Parquet va devoir activer son action», a déclaré
Maître Karinna Moskalenko. «Nous voulons les véritables tueurs,
nous les réclamons et nous les aurons», a-t-elle ajouté, dénonçant
«une enquête injuste».



Le Parquet a immédiatement indiqué qu'il ferait appel de ce
verdict. «Bien entendu, nous allons faire appel du verdict en
raison des infractions qui ont eu lieu durant les audiences», a
indiqué le procureur Ioulia Safina.



Au cours du procès, la défense avait notamment insisté sur le fait
que l'ADN des prévenus n'avait pas été retrouvé sur l'arme du
crime, et que les relevés des conversations téléphoniques des
accusés ne permettaient pas de conclure qu'ils étaient présents sur
les lieux du meurtre.



ats/cer

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Quelques éléments biographiques

Née en 1959, Anna Politkovskaïa était grand reporter pour le journal indépendant "Novaïa Gazeta". Ce bi-hebdomadaire est quasiment le seul journal russe à rendre compte de la situation en Tchétchénie.

Elle s'est rendue à nombreuses reprises dans les zones de combats en Tchétchénie et dans des camps de réfugiés au Daghestan, puis en Ingouchie. À ce titre, Anna Politkovskaïa a été plusieurs fois primée en Russie, et par le Pen Club International, en 2002. Elle a reçu au Danemark, en février 2003, le prix du Journalisme et de la Démocratie, décerné par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

En octobre 2002, au péril de sa vie, Anna Politkovskaïa a accepté de servir de négociatrice lors de la prise d'otages dans un théâtre de Moscou, qui s'est terminée de manière dramatique.

Régulièrement menacée, elle a subi une tentative d'empoisonnement en 2004, alors qu'elle se rendait dans le Causase.

Un procès qui a commencé par un scandale

Les premières audiences du procès avaient commencé par un scandale, le juge ayant tenté d'imposer le huis clos en toute illégalité.

Il avait dû y renoncer après avoir été dénoncé par un juré.