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Double assassinat en pleine rue à Moscou

S.Markelov avait notamment défendu la journaliste A.Politkovskaïa.
S.Markelov avait notamment défendu la journaliste A.Politkovskaïa.
Au lendemain du meurtre de l'avocat russe Stanislav Markelov et d'une jeune journaliste de la Novaïa Gazeta, tués par balles en pleine rue lundi à Moscou, les réactions d'indignation se multiplient en Europe.

Dick Marty, rapporteur du Conseil de l'Europe sur la situation
des droits de l'homme dans le Caucase du nord, a exprimé mardi sa
"vive indignation". "C'est avec stupeur que j'ai appris
l'assassinat de Stanislav Markelov, qui a payé de sa vie son
engagement sans relâche contre l'impunité des auteurs de violations
des droits de l'homme en Tchétchénie et dans le Caucase du nord", a
déclaré le conseiller aux Etats (PRL/TI).



La France a condamné mardi "avec la plus grande fermeté" ce double
assassinat. "Nous demandons aux autorités russes que toute la
lumière soit faite sans délai sur ce double meurtre qui montre que
la défense des droits de l'homme et de la liberté d'expression sont
un combat quotidien, pour lequel les citoyens russes continuent à
payer un lourd tribut", a déclaré le porte-parole du ministère
français des Affaires étrangères, Eric Chevallier.

Des menaces de mort

Me Stanislav Markelov a été tué alors qu'il venait de dénoncer
au cours d'une conférence de presse la libération anticipée de
l'ex-colonel russe Iouri Boudanov, condamné à 10 ans de prison en
2003 pour avoir étranglé trois ans plus tôt Elza Koungaïeva, une
Tchétchène de 18 ans. Il était l'avocat de la famille de la jeune
fille.



"Les enquêteurs étudient les différents mobiles de l'assassinat, y
compris l'activité professionnelle de la victime", a indiqué le
Comité d'enquête du parquet russe dans un communiqué. "Après la
conférence de presse, il est parti et il a été attaqué. Il n'avait
rien dit des menaces dont il aurait été la cible", a indiqué une
responsable du Centre de presse indépendant, où l'avocat s'était
exprimé avant d'être tué.



Le père d'Elza Koungaïeva, Vissa Koungaïev, a pour sa part déclaré
à l'antenne de la radio indépendante Echo de Moscou que Stanislav
Markelov avait reçu récemment des menaces. "Il m'a dit qu'on lui
envoyait des SMS, qu'on l'appelait. On lui disait d'arrêter avec
l'affaire Boudanov ou alors on allait le tuer", a expliqué Vissa
Koungaïev.

Une journaliste de 25 ans

Lorsqu'il a été tué, Stanislav Markelov était accompagné d'une
stagiaire de Novaïa Gazeta, un journal qui dénonce aussi les
exactions commises pendant les deux guerres de Tchétchénie et pour
lequel avait travaillé Anna Politkovskaïa, une journaliste
spécialisée sur cette région et qui a été assassinée en octobre
2006.



La jeune fille, âgée de 25 ans selon les médias russes, a succombé
quelques heures après avoir été touchée à la tête pendant
l'attaque. "Les médecins ont fait tout ce qui était en leur
pouvoir. Il y a quelques minutes, la journaliste de Novaïa Gazeta
Anastassia Babourova est décédée", a indiqué le journal sur son
site internet. Elle avait écrit pour son compte plusieurs articles
sur les problèmes de racisme et l'ultranationalisme en
Russie.



Le Procureur général de Russie Iouri Tchaïka a indiqué avoir pris
"personnellement" le contrôle de l'enquête.



afp/sbo

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Défenseur des victimes tchétchènes

Stanislav Markelov avait défendu Anna Politkovskaïa dans plusieurs affaires, ainsi que Mikhaïl Beketov, un journaliste d'opposition russe sauvagement agressé à Khimki en banlieue de Moscou en novembre dernier.

Il était aussi l'avocat de Magometsalih Massaïev, un homme porté disparu depuis le mois d'août 2008 après qu'il eut accusé le président tchétchène Ramzan Kadyrov de l'avoir pris en otage pendant quatre mois.

Officiels tchétchènes et défenseurs des droits de l'homme ont dénoncé avec véhémence le meurtre de l'avocat. Il s'agit d'un "crime méprisable", a réagi dans un communiqué une responsable d'Amnesty International, Nicola Duckworth. "Les autorités russes doivent prendre des mesures décisives pour montrer que de tels crimes ne seront pas tolérés", a-t-elle ajouté.

Un porte-parole du représentant du président tchétchène pour les droits de l'homme, cité par Ria Novosti, s'est montré encore plus virulent: "Nous supposions et nous avions averti que Boudanov allait commettre d'autres crimes. On ne peut pas dire que c'est lui, mais on peut dire que ce sont ses partisans en accord avec lui".

Le procès des complices présumés du meurtre d'Anna Politkovskaïa se poursuivait par ailleurs à Moscou, alors que le tireur présumé n'a toujours pas été arrêté et que le commanditaire n'est pas identifié.

Manifestation à Moscou

Environ deux cents personnes se sont réunies mardi à Moscou pour rendre hommage aux deux personnes assassinées lundi.

La foule a déposé des oeillets rouges sur la neige, encore tâchée de sang, au pied de l'immeuble du centre de la capitale russe où ils ont été abattus lundi après-midi. Les manifestants ont aussi allumé des cierges devant les photos de la journaliste et de l'avocat.

De telles manifestations sont rares en Russie où les mouvements populaires critiques des autorités sont généralement réprimés.