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Heurts et blessés à Paris lors de la 18e mobilisation des "gilets jaunes"

Chaos dans les rues de Paris
Chaos dans les rues de Paris / L'actu en vidéo / 1 min. / le 16 mars 2019
Boutiques vandalisées et pillées, barricades en feu sur l'avenue des Champs-Elysées, jets de pavés sur les forces de l'ordre ont émaillé samedi à Paris la 18e journée d'action des "gilets jaunes".

Au total 32'300 personnes se sont mobilisées dans toute la France selon le ministère de l'Intérieur, mais 230'766 selon le décompte des "gilets jaunes" posté sur Facebook. Le ministère de l'Intérieur avait dénombré 28'600 personnes la semaine précédente.

Quatre mois après le début du mouvement et au moment où s'achève le grand débat national, cette journée était présentée comme un "ultimatum" au président Macron, qui a annoncé dans la soirée écourter son séjour dans les Pyrénées où il était parti se "ressourcer" après sa tournée en Afrique. Il devait se rendre en soirée à la cellule de crise au ministère de l'Intérieur.

Nombreuses scènes de violence

Paris était annoncé comme l'épicentre de la contestation et pendant plusieurs heures tout s'est déroulé sur les Champs-Elysées. Sur la très touristique artère parisienne, des manifestants ont mis le feu à plusieurs kiosques à journaux et boutiques, précédemment pillées, rappelant les scènes de violences dont les images avaient fait le tour du monde le 1er décembre.

Parti d'une banque située au rez-de chaussée, un incendie a fait 11 blessés légers dans un immeuble situé à proximité de l'avenue. "Deux personnes ont été sauvées des flammes. Une femme et son bébé étaient coincés au deuxième étage", ont indiqué les pompiers à l'AFP.

Venu apporter sur place "son plus grand soutien" aux forces de l'ordre, le Premier ministre Edouard Philippe a jugé "inacceptables" ces violences. "Ceux qui excusent ou qui encouragent" de tels actes s'en rendent "complices", a-t-il lancé.

Des casseurs

"Des professionnels de la casse et du désordre équipés et masqués ont infiltré les cortèges", a réagi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, dans un message publié sur Twitter et assorti d'une photo de manifestants vêtus de noir.

"Aucun doute permis: ils appellent à la violence et sont là pour semer le chaos à Paris."

En fin d'après-midi, le Fouquet's, restaurant huppé qui avait déjà été pillé dans la matinée, a vu son auvent brièvement incendié et des feux ont débuté devant les boutiques Longchamp et Foot Locker ainsi que le restaurant Léon de Bruxelles, aux cris de "révolution!".

Les forces de l'ordre, qui se maintenaient à distance, ont ensuite répliqué avec des tirs de gaz lacrymogènes qui ont saturé le bas de l'avenue d'un brouillard épais, pour tenter de disperser les manifestants.

Plus de 200 interpellations

Quelque 237 personnes avaient été interpellées, selon un bilan communiqué vers 19h30 par les autorités. Le parquet de Paris a fait état de 106 personnes en garde à vue à 20h00.

Désireux de montrer une détermination intacte, quatre mois presque jour pour jour après le début le 17 novembre de leur mouvement - qui se veut apolitique et s'organise sur les réseaux sociaux - plusieurs figures de la fronde avaient promis un "regain de mobilisation", alors que le nombre de manifestants s'effrite.

>> Réécouter l'interview de Bruno Cautrès, chercheur CNRS au CEVIPOF, interviewé dans Forum :

Bruno Cautrès, chercheur CNRS spécialiste des sondages. [Dailymotion]Dailymotion
Les "gilets jaunes" lancent un ultimatum au gouvernement français: interview de Bruno Cautrès / Forum / 6 min. / le 16 mars 2019

ats/lan

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Un mouvement plus important que mai 68

Interrogé dans La Matinale, Olivier Fillieule, professeur de sociologie politique, à lʹUniversité de Lausanne, estime que le mouvement des gilets jaunes est "sans aucun doute plus massif, plus important, plus profond que le mouvement de mai 68".