La Conférence mondiale sur les drogues qui se tient en ce moment à Vienne a abordé le défi des opioïdes. Et c'est surtout le détournement de certains médicaments de leur usage traditionnel qui préoccupe les spécialistes.
Des médicaments comme le fentanyl font ainsi des ravages aux Etats-Unis, mais ce n'est pas le seul: en Afrique et au Moyen-Orient, c'est la consommation de tramadol, plus accessible, qui a explosé.
Les ravages du tramadol
Beaucoup moins puissant que la morphine, le tramadol est un médicament prescrit pour traiter de nombreuses douleurs chroniques, ou post-opératoires notamment. Mais depuis quelques années, il a été détourné de son usage. Le Nigeria, le Ghana, le Togo ou encore l'Iran, la Jordanie et la Libye sont touchés par une augmentation massive des overdoses liées au tramadol.
En Egypte, 2,5% de la population est dépendante à cette substance. La Bande de Gaza est également fortement affectée, comme le confirme Katherine Pettus, responsable de plaidoyer pour l'International Association for Hospice and Palliative Care, au micro de la RTS: "Les gens détournent ces médicaments à cause des conditions socio-économiques (...) parce qu'ils ont besoin de soulager leur souffrance, qui est psycho-socio-émotionnelle et spirituelle."
L'interdiction n'est pas une solution
Les pays arabes, menés par l'Egypte, intensifient leurs efforts pour faire interdire le tramadol. Mais pour Katherine Pettus, ce n'est pas la solution, car c'est une population particulière qui utilise du tramadol: "Le tramadol saisi est beaucoup plus fort que les doses autorisées, ce qui montre qu'il a été produit de manière illicite et qu'il est trafiqué. Donc, interdire le tramadol au niveau international, cela va seulement pénaliser les patients, mais cela ne va rien faire pour résoudre le problème de trafic ilégal."
Le tramadol est un des rares opioïdes autorisés dans ces régions du monde. Si l'Egypte parvient à le faire interdire par la communauté internationale, cela affecterait aussi les organisations humanitaires. Celles-ci n'auraient alors plus d'analgésiques puissants pour soigner les blessés dans les zones de guerre.
Anouk Henry/boi