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Le pape refuse la démission du cardinal français Philippe Barbarin

Le pape François a reçu le cardinal Philippe Barbarin au Vatican le 18 mars 2019. [Keystone/epa/Vatican]
Le pape refuse la démission du cardinal français Barbarin / Le Journal horaire / 29 sec. / le 19 mars 2019
Le pape a refusé la démission du cardinal français Philippe Barbarin, invoquant la "présomption d'innocence". C'est le prélat lui-même qui a fait cette annonce mardi. Le cardinal avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour non dénonciation des abus sexuels d'un prêtre.

"Lundi matin, j'ai remis ma mission entre les mains du Saint-Père. En invoquant la présomption d'innocence, il n'a pas voulu accepter cette démission," a annoncé Monseigneur Barbarin.

Certains observateurs avaient émis l'hypothèse lundi que le pape François allait probablement se donner plusieurs semaines avant d'accepter ou non cette démission.

>> Lire : Le cardinal Barbarin chez le pape pour présenter sa démission

Une "suggestion" du pape

Philippe Barbarin, 68 ans, reste donc archevêque de Lyon – et, par conséquent, le plus haut dignitaire catholique français – mais se mettra "quelque temps en retrait," laissant la conduite des affaires courantes à l'actuel vicaire général modérateur Yves Baumgarten.

Une "suggestion" du pape "et parce que l'Église de Lyon souffre depuis" qu'a éclaté voici trois ans le scandale de pédophilie du diocèse de Lyon.

"Conscient, cependant, des difficultés que connaît actuellement l'archidiocèse, le Saint-Père a laissé le cardinal Barbarin libre de prendre la décision la plus appropriée pour son diocèse," ajoute le communiqué du prélat.

La Conférence des évêques a annoncé "s'étonner" de la situation "inédite" du cardinal Barbarin (lire encadré).

Un procès symbolique

A l'issue d'un procès devenu symbole de la crise de l'Eglise face aux actes pédophiles, il a été condamné le 7 mars à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé à la justice les agressions pédophiles imputées par des scouts au père Bernard Preynat dans les années 1980 et1990 et dont il avait été informé par une victime en 2014.

Les avocats de Philippe Barbarin ont fait appel et il faudra donc attendre le jugement de ce second procès pour connaître le sort définitif du prélat.

Le pape, un proche du cardinal

Réputé proche de Monseigneur Barbarin, le pape argentin a longtemps pris personnellement la défense du cardinal français.

Lorsque l'affaire avait éclaté en 2016, il avait déjà rejeté une démission du prélat, jugeant qu'elle serait "un contresens, une imprudence," avant l'issue de son procès.

Stéphanie Jaquet et les agences

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"Un scénario intermédiaire"

Le président de la Conférence des évêques, Monseigneur Georges Pontier, s'est dit "étonné" de la situation "inédite" concernant le cardinal Barbarin, dont le pape a refusé la démission mais qui a annoncé mardi se mettre en retrait temporaire de son diocèse de Lyon.

"Je suis étonné, je ne m'attendais pas à ce scénario qui est intermédiaire entre les deux scénario prévisibles", à savoir l'acceptation de sa démission par le pape ou son refus, a-t-il affirmé, soulignant que cette situation "inédite" résultait du "conflit entre deux exigences", celle de "respecter le cheminement de la justice" et celle de "se préoccuper du bien du diocèce de Lyon".

A la question de savoir s'il aurait préféré que la pape accepte la démission du Primat des Gaules, Monseigneur Pontier a répondu: "Je n'ai pas à me situer face au positionnement du pape. Je prends acte de cette décision. Accepter (la démission) ne lui a pas paru opportun, vu que que le procès civil n'est pas terminé. Il n'a pas voulu lui-même paraître condamner le cardinal alors que la justice n'a pas encore tranché".

Le pape avait accepté une autre démission en octobre

En octobre, François a accepté avec réticence, et après trois semaines de réflexion, la démission du cardinal américain Donald Wuerl. L'archevêque de Washington est soupçonné par un jury populaire d'avoir étouffé un vaste scandale d'agressions sexuelles en Pennsylvanie.

Le prélat américain de 77 ans – qui clame avoir agi "dans l'intérêt des victimes" et a été loué par le pape – n'était pas sous le coup d'une condamnation comme le cardinal français.