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Sans simulateur, les pilotes de Boeing 737 Max s'entraînaient sur iPad

Ici un Boeing 737 Max d'American Airlines, photographié à l'aéroport national de Reagan, à Washington, le 13 mars 2019. [Reuters - Joshua Roberts]
Sans simulateur, les pilotes de Boeing 737 Max s'entraînaient sur iPad / Le Journal horaire / 47 sec. / le 19 mars 2019
D'après un article du New York Times publié lundi, les pilotes de Boeing 737 Max n'ont pas pu être formés sur des simulateurs adéquats. Souvent, ceux-ci ont même découvert les particularités du nouvel appareil à l'aide de tablettes.

Après les crashs des Boeing 737 Max 8 de la compagnie indonésienne Lion Air (29 octobre, 189 morts) et de l'Ethiopian Airlines (10 mars, 157 morts), le nouveau modèle du constructeur aéronautique américain a été interdit de vol dans plus d'une cinquantaines de pays, dont les Etats-Unis.

Si les premières analyses des boîtes noires montrent des "similitudes claires" entre les deux accidents, le New York Times a révélé lundi que les pilotes n'avaient pas reçu d'entraînement dans des simulateurs adaptés au nouvel appareil.

Entraînement jugé non nécessaire

Selon les informations du quotidien, les syndicats des pilotes des sociétés American Airlines et Southwest Airlines ont demandé à plusieurs reprises à Boeing la création d'un simulateur spécifique pour le modèle 737 Max, mais sans l'obtenir.

Dans les faits, le timing semble avoir été mauvais. Les données nécessaires à la construction du simulateur n'ont été disponibles qu'au moment où les appareils étaient déjà prêts à voler. De son côté, la Federal Aviation Administration (FAA), agence gouvernementale américaine en charge de l'aviation civile, n'a pas jugé nécessaire un entraînement spécifique des pilotes.

IPad et simulateurs pas conformes

Le plus souvent, les pilotes s'entraînent sur des simulateurs très coûteux lorsqu'il s'agit d'aborder de nouveaux avions. Dans le cas du nouveau Boeing, les régulateurs semblent avoir considéré qu'il s'agissait-là uniquement d'un dérivé de précédents modèles, qui ne justifiait donc pas d'entraînement spécifique.

Résultat, des pilotes ont eu droit à une formation de deux heures sur iPad et à un entraînement dans un faux-cockpit, qui ne bougeait pas comme les simulateurs traditionnels.

Un logiciel inconnu des pilotes

Problème, ces deux types d'entraînement ne prenaient pas en compte le nouveau logiciel du modèle 737 Max, qui deviendra par la suite au coeur de l'investigation sur le crash de l'avion de la Lion Air.

Une notice de treize pages a bel et bien été rédigée par un groupe de pilotes qui ont pu tester l'appareil, mais les particularités du nouveau logiciel MCAS, qui peut diriger vers le bas le "nez de l'avion" dans certaines conditions, n'ont pas été évoquées. Peu de temps avant le premier crash, Boeing a affirmé qu'il allait reconfigurer ce logiciel, sans pour autant juger adéquate l'organisation de formations supplémentaires pour les pilotes.

Après le premier accident, des spécialistes ont constaté que ce nouveau logiciel pouvait s'activer sans raison apparente.

ther

>> Ecouter le sujet de la Matinale sur les modifications du logiciel de Boeing :

Les débris du Boeing d'Ethiopian Airlines qui s'est écrasé dimanche. [Keystone - EPA/STR]Keystone - EPA/STR
Sur la sellette après le crash du 737 d’Ethiopian Airlines, Boeing annonce des modifications sur un logiciel / La Matinale / 1 min. / le 18 mars 2019
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Course avec Airbus

En 2010, le groupe Airbus, concurrent numéro un de Boeing, a annoncé qu'il allait mettre sur pied un modèle d'avion à la fois plus économe en carburant et plus rentable.

La constructeur aéronautique américain a dès lors tout de suite chercher à sortir sa propre version. Une stratégie qui a dépendu essentiellement de la construction d'un avion basé sur les modèles précédents. C'est donc cette politique, induite par une course avec Airbus, qui semble avoir persuadé les régulateurs que les pilotes n'avaient pas besoin d'un simulateur adapté au Boeing 737 Max.