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Assassinat Hariri: le Hezbollah pointé du doigt

Rafic Hariri, ici à Beyrouth en 2003, après une attaque contre la télévision.
Rafic Hariri, ici à Beyrouth en 2003, après une attaque contre la télévision.
La commission d'enquête chargée de faire la lumière sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri s'orienterait désormais vers une piste menant au mouvement chiite Hezbollah. C'est ce qu'indique l'hebdomadaire allemand «Der Spiegel».

Citant des informations obtenues de «sources proches du tribunal
spécial pour le Liban (TSL) et vérifiées par la consultation de
documents internes», «Der Spiegel» écrit que «des investigations
intensives menées au Liban pointent toutes vers une nouvelle
conclusion: ce ne sont pas les Syriens, mais les forces spéciales
de l'organisation chiite libanaise Hezbollah qui ont planifié et
exécuté» l'attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri le 14 février
2005.



Interrogé à Beyrouth, le Hezbollah libanais a qualifié ces
révélations d'«affabulations qui ont pour objectif d'influencer la
campagne électorale (pour les législatives du 7 juin) et faire
oublier les informations sur le démantèlement des réseaux
d'espionnage travaillant pour le compte d'Israël».



«Publier des informations pareilles et les attribuer à des sources
proches du TSL entament la crédibilité de ce tribunal que nous
appelons à agir avec fermeté pour démasquer les auteurs de ces
mensonges», ajoute le parti chiite.

Téléphones portables pistés

Les documents consultés par le «Spiegel», basés essentiellement
sur des surveillances électroniques, ont permis aux enquêteurs
d'identifier huit téléphones mobiles, tous achetés le même jour à
Tripoli, dans le nord du Liban.



Ces appareils ont été activés six semaines avant l'attentat, et
n'ont plus jamais été utilisés après. Ce qui laisse penser que
leurs propriétaires étaient les membres du commando ayant commis
l'attentat à la camionnette piégée à Beyrouth, dans lequel ont péri
également 22 autres personnes.



Ces portables ont très souvent été localisés à proximité et en
contact téléphonique avec 20 autres téléphones, appartenant, selon
les enquêteurs libanais, au «bras opérationnel» du Hezbollah.

Vers le cerveau de l'attentat

Les enquêteurs ont pu identifier le détenteur de l'un des huit
premiers téléphones, grâce à un appel qu'il a passé à sa petite
amie. Il s'agit de Abd al-Majid Ghamlush, membre du Hezbollah qui a
séjourné dans un camp d'entraînement en Iran. Il a été identifié
comme l'acheteur des téléphones, et les enquêteurs ne savent pas où
il se trouve, ni même s'il est en vie, ajoute l'hebdomadaire.



L'imprudence de Ghamlush a mené les enquêteurs vers celui qui est
pour eux le cerveau de l'attentat, Hajj Salim, qui vit dans un
quartier chiite au sud de Beyrouth, d'où il commande une «unité des
opérations spéciales» qui rend des comptes directement à Hassan
Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, poursuit-il.



Le «Spiegel» affirme encore que le procureur chargé de l'enquête,
le Canadien Daniel Bellemare, et les autres juges du TSL essayent
apparemment de «retenir» l'information, qui leur aurait été
transmise il y a un mois environ.



afp/sbo

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Piste syrienne: les preuves manquent

Les deux premiers rapports de la commission d'enquête de l'ONU avaient conclu à des "preuves convergentes" sur l'implication des services de renseignements syriens et libanais dans l'attentat. Les noms de proches du président syrien Bachar al-Assad avaient été cités par les enquêteurs, mais la Syrie nie toute implication.

Premier tribunal international antiterroriste, le TSL, créé en 2007 par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, est chargé de juger les auteurs présumés d'attaques terroristes au Liban, dont l'assassinat de Rafic Hariri, tué avec 22 autres personnes dans un attentat à la camionnette piégée à Beyrouth le 14 février 2005..

Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) avait ordonné en avril la libération de quatre généraux arrêtés dans l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri et détenus depuis 2005 au Liban.

Le juge avait demandé "la mise en liberté avec effet immédiat" des généraux en raison de l'absence d'"éléments de preuve suffisants".