Pour le président de Vosges Nature Environnement, Jean-François Fleck, il faut arrêter. "Faisons des études d'impact. On doit limiter au maximum ces prélèvements. A une époque on pouvait envisager de l'embouteillage parce qu'il n'y avait pas de stress hydrique, autant aujourd'hui on doit être extrêmement vigilant et on doit préserver ces nappes qui sont de véritables trésors", déclare-t-il samedi au 19h30.
Nestlé se défend
"Nous avons réduit considérablement nos prélèvements depuis dix ans et allons poursuivre ces efforts pour limiter, d’ici l’an prochain, nos prélèvements à 65% du quota qui nous était initialement accordé", détaille le groupe Nestlé par communiqué.
Malgré cette première victoire, le collectif n'entend pas abandonner le combat et s'inquiète désormais du facteur aggravant du réchauffement climatique.
"Aujourd'hui, on assiste à un phénomène climatique qui fait que les terres sont sèches et empêchent une bonne croissance des cultures. Evidemment, prélever de l'eau souterraine va affecter la totalité des cultures de la région, les paysans sont inquiets", déplore Bernard Schmitt, fondateur du collectif eau 88.
Le bras de fer se poursuit puisque de nouveaux projets de forage sont envisagés par Nestlé qui puise chaque année 3 milliards de litres dans les nappes phréatiques de la région de Vittel.
Olivier Kohler/vkiss
Quelle situation en Suisse?
La Suisse a des réserves en eau importantes par rapport à la population et bénéficie donc d’une situation plutôt confortable. Néanmoins, les risques sont présents: "Le réchauffement climatique existe aussi en Suisse. La réserve d’eau de la Suisse que sont les glaciers est en train de diminuer, les réserves sous forme de neige également. On a donc des changements assez importants de l’hydrologie de la Suisse qui ont cours actuellement", explique samedi au 19h30 Emmanuel Reynard, professeur de géographie physique à l'Université de Lausanne.
"La Suisse n’est pas à l’abri de pénuries d’eau. Elles sont en général ponctuelles, elles durent quelques jours, quelques semaines éventuellement, et elles sont limitées à certaines parties de la Suisse et ça peut changer d’une année à l’autre. Mais ce qu’on remarque c’est que le nombre de ces périodes de pénuries est en train d’augmenter."
Pour éviter le gaspillage de l’eau, chacun peut agir: "Il faut essayer de ne pas trop utiliser l’eau. Y compris l’eau virtuelle qui est présente dans les produits que nous consommons. Par les choix alimentaires notamment, on peut avoir une influence sur la gestion de l’eau, pas forcément en Suisse mais dans les régions où les tomates, pommes de terre que nous achetons sont produites. Des régions qui peuvent être arides."
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