Modifié

Darfour: l'ONU enquête sur les expulsions d'ONG

Le départ des ONG fait craindre pour la vie de millions de personnes.
Le départ des ONG fait craindre pour la vie de millions de personnes.
La Commission des Droits de l'Homme des Nations unies a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête pour déterminer si l'expulsion des organisations humanitaires par le Soudan constitue un crime de guerre.

Le porte-parole de cette Commission qui compte 53 Etats, Rupert
Colville, a souligné que la décision de Khartoum d'expulser les
travailleurs humanitaires de 13 des plus importantes organisations
d'aide constitue "un abandon gravissime" qui met la vie de milliers
de personnes en danger.

L'expulsion des ONG travaillant au Darfour a été annoncée par
Khartoum dans la foulée du mandat d'arrêt lancé par la Cour pénale internationale
(CPI) contre le président soudanais Omar el-Béchir, inculpé de
crimes de guerre et crimes contre l'humanité.



Les ONG expulsées sont: Action contre la Faim, Oxfam, MSF, CHF
International, CARE, Solidarities, Mercy Corps, Save the Children,
The Norweigan Refugee Council, the International Rescue Committee.
En tout, 66 ONG opèrent au Darfour.

Ban Ki-moon au créneau

Jeudi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait exhorté
le gouvernement soudanais à revenir sur cette décision, soulignant
que l'expulsion des organisations humanitaires du Darfour va causer
des "dommages irréparables" pour les opérations humanitaires dans
cette région en guerre du Soudan.



Ces opérations sont "cruciales pour maintenir une ligne vitale
pour les 4,7 millions de personnes qui reçoivent de l'aide au
Darfour", a déclaré sa porte-parole Michèle Montas, faisant
également part de l'inquiétude du secrétaire général pour la
sécurité des personnels humanitaires.



"Avec le départ des ONG, et si le gouvernement ne revient pas sur
sa position, 1,1 million de personnes seront sans nourriture, 1,5
million de personnes sans soins et plus d'un million d'habitants
sans eau potable", a expliqué lors d'un point-presse la
porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de
l'ONU (OCHA) Elizabeth Byrs.

Alternatives à l'étude

Les agences de l'ONU ont souvent recours à des ONG comme
sous-traitants pour la livraison de l'aide destinée à 4,7 millions
de personnes au Darfour, la province de l'ouest en proie depuis
2003 à un conflit qui a fait 300'000 morts selon l'ONU (10'000
selon Khartoum) et 2,7 millions de déplacés.



L'OCHA a assuré qu'il comptait prendre des mesures pour surmonter
les pénuries provoquées par le départ des ONG mais que les manques
ne pourraient être "totalement couverts".



"Nous allons évidemment certainement étudier cela, mais je ne peux
pas prendre position à ce stade", a fait savoir Rupert Colville,
ajoutant toutefois que "punir des civils en raison d'une décision
de la CPI est un manquement au devoir du gouvernement de protéger
son propre peuple".



Enfin, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés
(HCR) a expliqué craindre que la situation ne pousse de nouvelles
personnes à fuir le pays et en particulier le Darfour pour se
réfugier dans les pays voisins, qui abritent déjà de nombreux
Soudanais.



"Notre expérience montre que quand les populations vulnérables ne
peuvent obtenir l'aide dont elles ont besoin, elles vont ailleurs
chercher protection et assistance", a expliqué le porte-parole du
HCR, Ron Redmond.



agences/jeh

Publié Modifié

La rebellion appelle à la fermeté

Le leader darfouri Abdel Wahid Mohammed Nour a appelé vendredi le Conseil de sécurité de l'ONU à "ne pas faire dévier la justice" et à rejeter toute demande de suspension du mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale contre le président soudanais Omar el-Béchir.

L'Union africaine et la Ligue arabe notamment ont l'intention de demander au Conseil de sécurité d'interrompre la procédure engagée par la CPI contre le président soudanais.

L'article 16 du Statut de Rome, texte fondateur de la CPI adopté en 1998, prévoit la possibilité de suspendre des poursuites de la CPI pendant 12 mois à compter d'une résolution en ce sens du Conseil de sécurité de l'ONU.

Téhéran et le Hamas aux côtés d'el-Béchir

Un haut responsable iranien et une délégation de groupes militants palestiniens, dont le Hamas, effectuaient vendredi une visite au Soudan pour soutenir le président Omar el-Béchir.

S'exprimant après sont arrivée à Khartoum, le président du Parlement iranien Ali Larijani a qualifié le mandat d'arrêt de la CPI d'''insulte".

Des dizaines de partisans du président soudanais défilaient dans le centre de Khartoum après la prière du vendredi en signe de soutien à Omar el-Béchir, brandissant des pancartes et scandant "avec notre sang et notre âme, nous te défendrons El-Béchir."