"Il aide la police dans ses recherches", a annoncé la police
nord-irlandaise dans un communiqué diffusé mardi après
l'arrestation du premier suspect. Aucune précision n'a été donnée
sur les deux hommes.
Ce meurtre, le premier du genre depuis une décennie, a été
revendiqué par un groupuscule hostile au processus de paix,
l'IRA-Continuité. Il fait suite à la mort par balles, ce week-end,
de deux soldats britanniques près de Belfast, revendiqué par un
autre groupe dissident de l'Armée républicaine irlandaise (IRA),
l'IRA-Véritable.
Le Premier ministre britannique Gordon Brown a condamné des
"meurtriers qui veulent faire dérailler le processus politique. Il
n'y aura pas de retour au passé", a-t-il déclaré à Londres. Les
habitants de la province britannique "ne veulent pas revenir au
temps où les armes à feu régnaient dans la rue", a assuré le chef
du gouvernement travailliste.
Loin des années 1970 et 1980
Le ministre britannique pour l'Irlande du Nord, Shaun Woodward,
a pour sa part assuré que les trois morts de ces derniers jours
n'avaient rien en commun avec la violence interconfessionnelle des
années 70 et 80. A l'époque de ces troubles, "des centaines de
meurtres" étaient commis chaque année. Aujourd'hui, l'Irlande du
Nord est unie face à la menace terroriste, a-t-il assuré.
Le gouvernement régional est formé d'un Premier ministre
protestant Peter Robinson et le vice-Premier ministre catholique
Martin McGuinness, ancien dirigeant de l'IRA. Peter Robinson a lui
aussi promis que "nous ne laisserons pas les responsables de ces
actes meurtriers faire sombrer à nouveau notre province dans le
passé".
A Madrid, le chef de la diplomatie européenne Javier Solana a
déclaré "ne pas croire qu'il s'agisse d'autre chose que de
phénomènes sporadiques, qui n'ont rien à voir avec ce que nous
avons connu il y des années".
Inquiétudes
La présidente irlandaise Mary McAleese a invité toute personne
ayant des informations sur les auteurs de ces attaques à se
présenter aux enquêteurs. "Parlez à la police, rejoignez les
partisans de la paix pour mettre fin à cet enfer sur Terre",
a-t-elle dit.
"Nous sommes au bord du précipice. J'appelle les gens à faire
marche arrière", a déclaré Dolores Kelly, élue de la
circonscription de Craigavon, où le policier a été tué.
Le chef de la police nord-irlandaise Hugh Orde a quant à lui
estimé que l'assassinat rappelle qu'un petit nombre de personnes
déterminées à saboter l'important progrès politique devient de plus
en plus dangereux.
L'IRA-Continuité a revendiqué l'attentat de lundi en déclarant,
dans un message codé: "Tant que les Britanniques seront impliqués
en Irlande, ces attaques se poursuivront". L'organisation fait
partie des groupuscules dissidents qui avaient fait scission de
l'IRA quand cette dernière avait ordonné l'abandon de la lutte
armée en 2005.
ats/bri
Recrudescence de l'activité des dissidents
Paix ou pas, la Commission indépendante de contrôle (IMC) produit deux fois par an ses rapports sur l'activité paramilitaire.
Dans son dernier rapport, elle souligne une recrudescence de l'activité des dissidents républicains.
Parmi les plus puissants figurent l'IRAVéritable, le Oglaigh na hEireann et l'IRA-Continuité. Quant aux loyalistes protestants, ils ne seraient plus très actifs.
L'IMC précise que certains veulent quitter l'illégalité pour se reconvertir dans le développement communautaire.
En revanche, des militants de la Loyalist Volunteer Force seraient fortement impliqués dans la grande criminalité, tel que le trafic de drogue.
Les "Troubles", qui ont fait plus de 3500 morts en une trentaine d'années, avaient largement cessé après la signature des accords de paix du Vendredi saint, le 10 avril 1998.