Conçu pour accueillir 5000 personnes, le camp de Al-Hol, situé dans le nord-est de la Syrie, abrite aujourd'hui plus de 74'000 civils, dont 90% de femmes et d'enfants. La plupart sont Syriens ou Irakiens, un peu plus de 9000 sont des étrangers venus rejoindre les rangs de l'EI.
"Dernièrement, l'attention des médias s'est focalisée sur le sort des combattants étrangers et leur famille, alors que ceux-ci ne représentent qu'un infime pourcentage des personnes déplacées à Al-Hol et dans d'autres camps", a alerté vendredi Peter Maurer, le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dans un communiqué publié à l'issue d'un voyage de cinq jours en Syrie.
Administré par les autorités kurdes, le camp bénéficie de l'aide du CICR qui fournit des repas aux nouveaux arrivants, de l'eau potable, des toilettes et des unités de santé mobile. Mais cette aide est insuffisante au vu des besoins.
Survivance idéologique
Des dizaines d'enfants sont morts de froid ou en raison des conditions déplorables qui règnent à Al-Hol, indique Peter Maurer, qui appelle les Etats à prendre leurs responsabilités. "Ils doivent s'occuper de leurs ressortissants quelles que soient les raisons qui les ont conduits ici", estime-t-il. "Nous demandons à tous les États de montrer qu'ils ont ce courage. Afin que chacun soit traité humainement et avec dignité, comme le demande le droit, et puisse notamment bénéficier d'une procédure judiciaire régulière".
Car le camp de Al-Hol, où des dizaines de milliers de civils ont été transportés en camion, est devenu en quelques semaines une nouvelle poche djihadiste, malgré la défaite du califat. Dans les allées boueuses, certaines enfants récitent d'ailleurs la propagande du groupe Etat islamique. Et le président du CICR d'appeler à "ne pas céder à la tentation d'une rhétorique deshumanisante qui ne fait que perpétuer le problème".
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