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G20: le bilan du sommet de Washington

Le G20 suscite espoir et résignation dans la presse.
Le G20 s'est mis d'accord sur de grandes lignes à adopter.
Les dirigeants des grands pays développés et émergents (G20) se sont engagés samedi à relancer l'économie mondiale, menacée par la récession dans les pays riches et un net ralentissement ailleurs.

Ils ont aussi lancé une réforme du système financier
international. "Une réponse politique élargie, fondée sur la
coopération macro économique, est nécessaire pour rétablir la
croissance", indique la déclaration finale du sommet de
Washington.

Actions urgentes

Le G20, dont les membres génèrent 85% du Produit intérieur brut
(PIB) mondial, a énuméré une série d'"actions immédiates" pour
empêcher l'économie mondiale de sombrer dans une récession
prolongée.



L'utilisation de "mesures budgétaires pour stimuler la demande
interne avec des résultats rapides" ou des baisses des taux
d'intérêt dans certains pays ont été suggérées.



Outre les efforts de relance, les dirigeants du G20 ont approuvé
un "plan d'action" contenant des mesures pour améliorer la
supervision du système financier. Les ministres des finances
devront à ce titre présenter des propositions d'ici au 31
mars.



Cinq champs d'action ont été définis: remise à plat des aspects de
la régulation exacerbant les crises, harmonisation des normes
comptables, amélioration de la transparence des marchés de produits
dérivés, révision des pratiques de rémunération des dirigeants de
banques pour éviter des prises de risque excessives et "révision du
mandat, de la gouvernance et des besoins en capitaux des
institutions financières internationales".

Pas de superviseur unique

A la satisfaction des Américains, très attachés à leur
souveraineté, le G20 a souligné que "la régulation relève avant
tout de la responsabilité des régulateurs nationaux". Le G20 a
cependant recommandé une intensification de la "coopération
internationale entre régulateurs" et un renforcement des "normes
internationales où cela est nécessaire".



Sans citer nommément les fonds spéculatifs, échappant actuellement
à toute régulation, le G20 évoque le besoin de "transparence sur
les actifs hors bilan et des instruments financiers
complexes".



Des propositions pour que les "régulateurs s'assurent que les
agences de notation, critiquées pour avoir surévalué des placements
de mauvaise qualité, répondent aux normes les plus exigeantes"
devront aussi être présentées.

Paradis fiscaux dénoncés

Le G20 met aussi la pression sur les paradis fiscaux non
coopératifs, demandant "à moyen terme" des mesures pour protéger le
système financier mondial des juridictions présentant un risque
d'activité illégale. Les dirigeants ont convenu de se retrouver
avant fin avril 2009.



Le président français Nicolas Sarkozy a proposé que ce sommet ait
lieu à Londres, la Grande-Bretagne assurant l'an prochain la
présidence du G20. Le chef du gouvernement espagnol, José Luis
Rodriguez Zapatero, voudrait que cette révision du système
financier mondial s'achève d'ici un an.



Reste qu'il n'est plus question d'une réforme globale, sorte de
Bretton Woods II, souhaitée par certains pays. Le G20 s'est par
ailleurs engagé à tenter de relancer avant la fin de l'année les
négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Plus de place pour les pays émergents

Les grands pays émergents, qui
soutiennent à bout de bras ce qui reste de la croissance mondiale,
se sentent renforcés à l'issue du sommet de Washington, qui s'est
engagé à leur faire plus de place au sein des organisations
financières internationales.



"Je quitte Washington très heureux car la structure mondiale a
acquis une nouvelle dimension géopolitique", a commenté le
président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva après le sommet du
G20 qui a réuni pour la première fois autour d'une même table les
chefs d'Etat et de gouvernement des grands pays industrialisés et
émergents.



"Il ne serait pas logique de prendre des décisions politiques et
économiques sans les membres du G20", a-t-il ajouté devant la
presse. "Les pays en développement doivent être totalement associés
à la solution de la crise financière mondiale".



Le G20 a mis face aux pays développés du G8 les représentants de
10 grandes économies dynamiques: Afrique du Sud, Arabie saoudite,
Argentine, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique,
Turquie.



agences/jeh

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La Suisse veut avoir son mot à dire

La Suisse, qui n'a pas été invitée au G20 de samedi, a demandé à Washington de l'intégrer aux groupes de travail prévus à l'issue du grand sommet sur la crise financière mondiale, a annoncé dimanche le gouvernement.

La Confédération "prend acte avec intérêt des mesures envisagées lors de ce sommet" et "souhaite que les principales places financières soient intégrées à ce processus", a expliqué le porte-parole du Département fédéral des finances.

Un document écrit en ce sens a été envoyé au Département américain des finances, a ajouté Roland Meier précisant qu'aucune réponse n'était encore parvenue.

La Suisse, 21e puissance économique mondiale et une des plus importantes places financières de la planète, n'a pas été conviée à Washington aux côtés des dirigeants des grands pays développés et émergents du G20.

Il n'y "pas de regret à avoir" sur le sujet, a assuré le porte-parole du gouvernement.

"Il s'agit là d'une question de politique", a-t-il insisté.

Des résultats limités

Le sommet de Washington a donné une nouvelle légitimité au forum des principaux pays industrialisés et émergents, même si les résultats de la rencontre ne sont pas à la hauteur de toutes les attentes qu'elle avait pu susciter.

L'absence du président élu américain Barack Obama a limité les résultats de ce sommet, le gouvernement sortant du président George Walker Bush n'ayant pas voulu, de l'avis de nombreux observateurs, lier les mains de son successeur.

"Le président Bush n'allait pas accepter des mesures contraignantes (susceptibles de) pénaliser les Etats-Unis", il ne pouvait qu'"accepter des principes", a observé Diana Furchtgott-Roth, ancienne conseillère économique de la Maison Blanche.

Si le communiqué final du sommet proclame l'engagement des grands pays développés et émergents à relancer l'économie mondiale et à engager une réforme du système financier international, il contient surtout des déclarations générales et des grands principes.