Cheval de bataille du ministre de l'Intérieur, cette loi a été votée jeudi au Parlement avec les voix de la Ligue, du Mouvement 5 étoiles et de l'opposition de droite. Le texte limite les poursuites judiciaires contre les personnes qui ouvriraient le feu contre quelqu'un entré chez eux ou sur leur propriété. Il fallait, jusqu'ici, démontrer que l'intrus représentait une menace physique immédiate. Désormais, un "état de grave perturbation" suffira pour justifier un tir sans sommation.
Le texte promet aussi la gratuité des frais de justice et de défense à toute personne poursuivie pour avoir blessé ou tué quelqu'un à son domicile et invoquant la légitime défense.
Automatismes dangereux
"C'est une très belle journée. A partir d'aujourd'hui, les délinquants sauront qu'il sera plus difficile d'être cambrioleur en Italie. Ce sera un métier encore plus dangereux", a réagi Matteo Salvini après l'approbation du texte au Sénat par 201 voix contre 38 et six abstentions. Ces dernières années, la Ligue du ministre de l'intérieur (extrême droite) avait mené campagne pour défendre des particuliers et des commerçants poursuivis pour avoir tué des cambrioleurs qui n'étaient pas armés.
Du côté des magistrats, on redoute que la nouvelle loi réduise leur marge d'interprétation et introduise des "automatismes dangereux". "Il est bon de rappeler que, en présence d'une éventuelle affaire de légitime défense et même avec cette nouvelle loi, une procédure pénale sera ouverte et des enquêtes seront menées", a rappelé Francesco Minisci, président de l'association nationale des magistrats.
L'opposition de gauche, elle, avance qu'il n'y aura pas plus de sécurité, mais plus d'armes en circulation et donc plus de morts.
Criminalité en baisse
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, la criminalité violente a diminué en Italie l'an dernier. D'août 2017 à août 2018, le nombre de meurtres a baissé de 16,3% par rapport aux douze mois précédents. Les vols à main armée ont eux diminué de 12,3%.
Eric Josef/agences/vic