Plusieurs milliers de gilets jaunes sont retournés dans la rue pour des manifestations qui marquent la vingtième journée de mobilisation du mouvement. A Paris, environ 4000 personnes se sont rassemblées dans le quartier de la gare de l'Est ainsi que sur la place du Châtelet, puis ont commencé à défiler dans les rues jusqu'au Trocadéro.
"On vient pour les mêmes raisons que le 17 novembre (le premier jour de mobilisation). On n'a rien eu", a confié à l'afp Nadine, 51 ans, qui travaille dans les services à la personne. "Nous avons toujours le même objectif: la justice sociale et le référendum d'initiative citoyenne, surtout quand il y a des choix économiques à faire", a renchéri Jean-Édouard, 43 ans, venu de Seine et Marne.
Échaudée par les saccages des Champs-Elysées lors de l'acte 18 des protestations, la préfecture de police de Paris a de nouveau interdit les manifestations sur la célèbre avenue, ainsi que dans un périmètre incluant le palais de l'Elysée et l'Assemblée nationale. De son côté, la Fédération bancaire française a appelé à ce que cessent les violences qui ont visé des centaines d'agences depuis le début du mouvement.
Heurts à Avignon
Selon une source policière, 27 arrêtés d'interdiction établis par les préfectures ont été recensés dans toute la France, comme à Avignon, où le préfet a interdit tout rassemblement dans le centre-ville. Des manifestants se sont toutefois retrouvés dans le secteur prohibé et des heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre. Plusieurs centaines de gilets jaunes se sont retranchés sur la voie périphérique de la ville, où un correspondant de l'agence Reuters a constaté quelques tirs de bombes lacrymogènes.
La nouvelle contravention de 135 euros à laquelle s'exposent ceux qui bravent l'interdit reste en vigueur après le rejet vendredi par le Conseil d'Etat français du recours de la Ligue des droits de l'homme.
Bordeaux "ville morte"
A Bordeaux, le nouveau maire de la ville Nicolas Florian (Les Républicains), qui redoutait une "journée apocalyptique", avait conseillé vendredi aux commerçants de baisser leur rideau et aux habitants de rester chez eux. "J'en appelle carrément à une ville morte", a-t-il déclaré en marge d'une conférence de presse. Nombre de magasins ont suivi son conseil et posé des panneaux de protection devant leurs vitrines.
Selon les chiffres de Reuters, environ 5000 gilets jaunes ont convergé vers le centre-ville en début d'après-midi. Le cortège paraissait rassembler plus du double de manifestants par rapport à la semaine précédente. En fin de journée, le défilé, dans lequel des casseurs s'étaient mêlés, se dispersait en petits groupes jouant au chat et à la souris avec les forces de l'ordre.
agences/vic