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Benoît XVI suscite une nouvelle polémique

Benoît XVI a rencontré le président camerounais Paul Biya.
Benoît XVI a rencontré le président camerounais Paul Biya.
"Très vive inquiétude" de Paris, "consternation" à Bruxelles, "indignation" du Fonds mondial sur le sida: le pape, en visite en Afrique, a provoqué un tollé mercredi après ses déclarations sur le préservatif qui, selon lui, "aggrave le problème" du sida.

Benoît XVI a déclaré mardi, au début de sa première visite en
Afrique, que l'on ne pouvait "pas régler le problème du sida avec
la distribution de préservatifs" et que, "au contraire, leur
utilisation aggravait le problème". Le pape a légèrement bousculé
son agenda mercredi pour tenter d'apaiser la polémique suscitée par
ses propos (voir ci-contre).

France, Belgique et ONU indignées

"La France exprime sa très vive
inquiétude devant les conséquences des propos de Benoît XVI", a
déclaré à Paris le porte-parole du ministère français des Affaires
étrangères, Eric Chevallier.



"Nous estimons que de tels propos mettent en danger les politiques
de santé publique et les impératifs de protection de la vie
humaine", a ajouté Eric Chevallier, en soulignant le rôle
"fondamental" du préservatif dans les campagnes de
prévention.



C'est "avec stupéfaction" que la ministre de la Santé publique
belge, Laurette Onkelinx, a accueilli ces déclarations
"consternantes". "De tels propos sont le reflet d'une vision
doctrinaire dangereuse", a-t-elle asséné.



"Profondément indigné", le directeur exécutif du Fonds mondial de
lutte contre le sida, Michel Kazatchkine, a demandé au pape "de
retirer ces propos inacceptables" qui représentent "une négation de
l'épidémie". Pour lui, comme pour d'autres, le message est d'autant
plus dangereux qu'il est exposé sur un continent "où vivent 70% des
personnes infectées par le sida".

Les ONG très critiques

Anticipant les retombées négatives de ces propos sur leur
action, les associations de lutte contre le sida du monde entier se
sont jointes à cette pluie de critiques. Relevant "l'énorme
influence" du souverain pontife dans le monde, l'ONG britannique
Oxfam s'est inquiétée des répercussions "sur les gens eux-mêmes",
qui pourraient décider de ne pas utiliser de préservatif, et "sur
les programmes qui les fournissent".



"Nous sommes très en colère car ce sont des années de travail qui
sont remises en cause", a tonné l'organisation française Médecins
du Monde (MDM), en évoquant "des millions de gens qui vont être
contaminées à cause de ces déclarations".



Mais les Africains ont souligné que les fidèles savaient aussi se
détacher des instructions du Vatican. "Les gens ne suivront pas ce
que le pape a dit", a ainsi prévu Alain Fogué du Mouvement
camerounais pour le plaidoyer à l'accès aux traitements (Mocpat).
"Il vit au ciel et nous sur terre". Et d'ironiser: "le pape vit-il
au XXIe siècle?"



"Malgré les positions du pape sur le préservatif, leur utilisation
est en hausse au Malawi", a renchéri une coalition d'associations
de ce pays d'Afrique australe largement affecté par la pandémie.
"Sans les préservatifs, le Malawi périrait", a-t-elle estimé.



afp/dk

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Pas de changement de doctrine du Vatican

L'agenda de mercredi du pape au Cameroun ne comportait que trois points: une visite au président Paul Biya, une rencontre avec les évêques et la célébration des vêpres avec le clergé local.

Toutefois, sans doute en raison de la polémique sur le préservatif, Benoît XVI a rencontré en début de matinée, lors d'un rendez-vous non public et ajouté au programme, des jeunes d'une association d'aide aux malades du sida animée par la communauté catholique Sant'Egidio.

En critiquant l'efficacité des campagnes pour le préservatif, le pape "a mis l'accent sur l'éducation à la responsabilité", a déclaré le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.

"Il ne faut pas attendre de ce voyage un changement de position de l'Eglise catholique envers le problème du sida", a-t-il souligné lors d'un point de presse.

Déjà, sous le pontificat de Jean Paul II, la position officielle de l'Eglise catholique était d'appeler à la chasteté, c'est-à-dire à la fidélité dans le mariage et à l'abstinence.

Toutefois, même les organisations catholiques ont exprimé leur malaise face aux déclarations de Benoît XVI. "Le pape veut signifier que l'usage du préservatif peut 'déresponsabiliser' ses utilisateurs", a tenté d'expliquer le quotidien catholique français La Croix.

Mais "pour ne pas ajouter du mal au mal", "il apparaît nécessaire de se protéger et de protéger l'autre", a ajouté son éditorialiste.

Plus définitif, l'ONG sud-africaine Catholics for Choice a assuré que "les catholiques du monde ne sont pas d'accord avec l'interdiction du Vatican sur les préservatifs".

"Lors de son voyage en Afrique, le pape va affronter la réalité de l'épidémie", a-t-elle noté. "Prions et espérons pour qu'il change de position et adopte celle que les catholiques ordinaires ont déjà retenue: utiliser des préservatifs sauve des vies", a-t-elle ajouté.

Défendre la famille et les valeurs traditionnelles

Le souverain pontife a par ailleurs appelé les évêques à "défendre vigoureusement les valeurs essentielles de la famille africaine" aux prises avec les conséquences de "la modernité et de la sécularisation sur la société traditionnelle".

Il les a aussi incités à se faire "les défenseurs des droits des plus pauvres" et à travailler "à la collaboration entre les ethnies pour le bien de tous".