L'avocat de la journaliste a immédiatement affirmé qu'il fera
appel. Son père a lui affirmé que Roxana Saberi a reconnu de
fausses accusations dans l'espoir d'être libérée: "Roxana nous a
dit que tout ce qu'elle avait avoué n'était pas
vrai, mais qu'elle avait été intimidée et qu'on lui avait dit que
si elle coopérait elle serait libérée".
Le procès de la journaliste, qui n'a duré qu'une journée, s'était
tenu lundi dernier devant le tribunal révolutionnaire de la
capitale, sur l'inculpation d'espionnage au profit des Etats-Unis.
Agée de 31 ans, la journaliste est détenue depuis la fin janvier à
la prison d'Evine, dans le nord de Téhéran.
Selon le vice-procureur de Téhéran, Roxana Saberi "n'avait pas
d'accréditation de presse et menait des activités d'espionnage sous
le couvert de journalisme".
Préoccupation à Washington
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est dite
samedi "profondément déçue" de la condamnation de la journaliste
irano-américaine Roxana Saberi, et a indiqué que les Etats-Unis
feraient "vigoureusement" part à Téhéran de leur préoccupation.
Barack Obama s'est également dit «très déçu».
Cette condamnation est survenue en dépit des ouvertures
diplomatiques du président américain envers la République islamique
et des appels de Hillary Clinton à la libération de la
journaliste.
Hillary Clinton avait indiqué fin mars qu'une délégation
américaine avait remis à une délégation iranienne une lettre
demandant la libération de trois Américains détenus en Iran, dont
Roxana Saberi, en marge d'une conférence sur l'Afghanistan à La
Haye.
Désaccord complet
Le porte-parole de la diplomatie iranienne avait démenti qu'une
telle rencontre ait eu lieu et qu'une lettre ait été remise. Son
homologue américain Robert Wood avait rejeté lundi les accusations
portées contre la journaliste, les qualifiant de "sans fondement".
Mercredi, il s'était dit "très inquiets à propos de ce procès", qui
lui semblait "loin d'être transparent".
Plusieurs Irano-Américains, notamment des universitaires résidant
aux Etats-Unis, ont été détenus en Iran ces dernières années sur
des accusations d'atteinte à la sécurité nationale. Mais aucun
n'est passé en jugement et tous ont finalement pu quitter le
pays.
agences/boi
Papa iranien d'origine
Roxana Saberi est née et a été élevée aux Etats-Unis.
Elle est iranienne par son père, qui est devenu citoyen américain, mais l'Iran ne reconnaît pas le principe de la double nationalité.
La journaliste a collaboré notamment à la radio publique américaine NPR, la BBC et la chaîne de télévision américaine Fox News.
Elle était installée en Iran depuis 2003 et les autorités iraniennes ont déclaré que sa carte de presse lui avait été retirée en 2006.
Les parents de Roxana Saberi, qui vivent aux Etats-Unis, sont arrivés à Téhéran la semaine dernière et ont pu la rencontrer une première fois à la prison d'Evine où elle est détenue.
Après la visite, son père avait affirmé que sa fille "avait envisagé une grève de la faim mais en a abandonné l'idée".
Reporters sans frontières condamne
L'association Reporters sans frontières (RSF) a estimé "lourde et injuste au regard du code pénal iranien" la condamnation de Roxana Saberi.
Dans un communiqué, RSF "condamne fortement" cette décision et rappelle qu'"en l'absence de son avocat à l'unique audience du 13 avril Roxana Saberi a dû se présenter seule devant ses juges".
"Nous réitérons notre appel à sa libération", indique l'organisation, pour qui "à la veille des élections, cette condamnation constitue une mise en garde à l'égard des journalistes étrangers".
"Les autorités iraniennes usent et abusent du chef d'inculpation d'espionnage pour arrêter les journalistes et museler ainsi davantage la liberté d'expression", affirme encore RSF.
RSF a précisé que le père de Roxana Saberi, devenu citoyen américain et vivant aux Etats-Unis, lui a indiqué que depuis 2006 sa fille "ne travaillait plus pour les médias" et n'écrivait que "des notes personnelles et des commentaires sur des sujets culturels et littéraires, en vue d'écrire un livre sur l'Iran".