Barack Obama n'a pas répondu à chacune des 104'129 questions
soumises par 92'925 personnes, au cours de ce que ses chargés de
communication ont vanté comme la première réunion publique en ligne d'un
président des Etats-Unis, visible en direct sur le site de la
Maison Blanche. Il n'a répondu qu'à quelques-unes d'entre elles,
censées être les plus populaires.
La Maison Blanche avait donné environ 36 heures aux Américains
pour soumettre leurs questions, et pour voter pour celles qui leur
paraissaient les plus importantes. Plus de trois millions et demi
d'Américains ont participé à ce vote.
Priorités confirmées
S'il s'agissait, comme Barack Obama l'avait signifié par avance,
de disposer d'un "instantané de ce qui compte pour les Américains à
travers le pays", il aura eu la confirmation qu'ils s'inquiètent de
la délocalisation de leurs emplois, pour le paiement de leur loyer,
pour le financement de leurs études, autant de sujets de
préoccupation pour lui-même.
Il a répondu avec pédagogie et gravité, prévenant les Américains
qu'ils n'avaient pas encore touché le fond du chômage. Il leur a
annoncé d'imminentes dispositions en faveur de l'industrie
automobile menacée de faillite. Il a défendu son action, à un
moment délicat de sa jeune présidence.
Pour parler de couverture santé, il a invoqué le combat de sa mère
atteinte (et morte) d'un cancer des ovaires pour obtenir la prise
en charge de ses frais médicaux.
Communiquer pour rassurer
Barack Obama entendait ainsi tenir la promesse d'ouvrir
davantage la Maison Blanche aux Américains, et de s'en remettre
pour cela à ces nouvelles technologies qui l'ont tant aidé pendant
sa campagne.
Comme le président Franklin Roosevelt tâchait de rassurer les
Américains par ses causeries au coin du feu retransmises par la
radio au cours de la Grande dépression, Barack Obama tâche de
rallier le soutien de ses compatriotes à un moment où son
gouvernement est engagé dans un combat sur tous les fronts contre
la crise. Cette première réunion publique en ligne était une
"expérience", a-t-il dit. Son porte-parole a dit qu'elle serait
renouvelée.
afp/cab
La marijuana: une question très populaire
Parce que les Etats-Unis connaissent leur pire récession depuis la Grande dépression des années 30 et parce que le combat contre la crise est l'entreprise de tous les instants de sa jeune administration, Barack Obama n'avait guère posé qu'une condition: que les questions portent sur l'économie.
L'appel à questions, cependant, était libre. Cela a permis que, parmi les questions les plus fréquentes, en apparaisse une relative à la légalisation de la marijuana.
Le porte-parole de Barack Obama, Robert Gibbs, a clairement sous-entendu qu'un certain groupe favorable à une telle légalisation avait peut-être mobilisé ses membres pour exploiter ce forum unique.
Barack Obama ne s'est pas dérobé: "Je ne sais pas quelle conclusion il faut en tirer sur le public en ligne", a-t-il plaisanté, "mais cette question a remporté un grand succès. Nous voulons veiller à ce qu'on y réponde. La réponse est: non, je ne crois pas que cela soit une bonne stratégie de croissance économique".