Un décret sera publié "la semaine prochaine" pour interdire les
bonus et stocks options aux dirigeants des entreprises aidées par
l'Etat, a affirmé le principal collaborateur du président français
Nicolas Sarkozy.
Le gouvernement français avait dans un premier temps sommé le
patronat de définir un dispositif encadrant les rémunérations des
patrons d'ici au 31 mars. Mais il a tout de même décidé de
légiférer, sans attendre cette date.
"Compréhensible"
Dans une lettre adressée au
gouvernement, la présidente de la principale organisation patronale
française Medef, Laurence Parisot, a jugé "compréhensible" qu'une
entreprise recevant l'aide de l'Etat ait "des obligations" sur les
rémunérations de ses dirigeants.
Opposée à un encadrement des rémunérations par le gouvernement,
elle s'était prononcée pour une auto-régulation des dirigeants
d'entreprises.
"Il ne doit plus y avoir de parachutes dorés. Il ne doit plus y
avoir de bonus, de distribution d'actions gratuites ou de
stock-options dans une entreprise qui reçoit une aide de l'Etat,
qui met en oeuvre un plan social d'ampleur ou qui recourt
massivement au chômage partiel", avait mardi déclaré le président
Nicolas Sarkozy. "Percevoir une grosse rémunération en cas d'échec,
ce n'est pas responsable, ce n'est pas honnête", avait-il
ajouté.
afp/cab
Plusieurs scandales
Plusieurs affaires de "parachutes dorés" (indemnités de départ), de bonus ou de stock-options attribués à des patrons d'entreprises affaiblies par la crise et secourues par l'Etat, ont scandalisé l'opinion publique et la classe politique française ces dernières semaines.
Les quatre principaux dirigeants de la Société générale, qui a a perçu des prêts de l'Etat comme les autres grandes banques françaises, ont dû, face au tollé, renoncer le week-end dernier à des "stock-options" (actions à prix préférentiel).
Le patron de l'équipementier automobile Valeo, qui a annoncé la suppression de 5000 emplois dont 1600 en France et bénéficié de fonds publics pour faire face à la crise, a suscité l'indignation en quittant ses fonctions avec un "parachute doré", des indemnités de départ de 3,2 millions d'euros.
Un patron séquestré par ses ouvriers
Sous l'effet de la crise et furieux des suppressions d'emplois, certains salariés français ont radicalisé leur action, tels ceux du groupe américain 3M à Pithiviers (centre), qui ont retenu leur patron durant plus de 24 heures.
Empêché de sortir d'un bureau depuis mardi après-midi, il a pu quitter le site à 00H30 jeudi, à l'issue de plusieurs heures de négociations.
La direction de 3M a annoncé en décembre la suppression de 110 emplois sur 235 à Pithiviers et le transfert de 40 postes dans une autre société.
Les salariés exigent "une renégociation des indemnités de départ, une prime de transfert, un congé de mobilité de 24 mois".
L'affaire 3M rappelle la séquestration pendant 24 heures à la mi-mars du PDG de Sony-France dans une usine du sud-ouest, promise à la fermeture mi-avril.
Ces actions sont alimentées par la hausse alarmante du chômage, surtout dans l'industrie.
Quelque 79'900 chômeurs de plus ont été enregistrés en février, selon les chiffres officiels publiés mercredi. L'organisme d'assurance-chômage prévoit entre 375'000 et 454'000 chômeurs supplémentaires en 2009.