L'ère "Reiwa" débutera le 1er mai du calendrier grégorien, avec le sacre du prince héritier Naruhito, 58 ans. Son accession au trône interviendra au lendemain de l'abdication de son père Akihito, l'actuel souverain de 85 ans: un événement qui mettra fin à l'ère "Heisei", commencée en 1989. Un nom qui signifie "parachèvement de la paix".
Le nom de l'ère – ou "nengo" – est très largement utilisé au Japon: sur les pièces de monnaie, les calendriers, les journaux et les documents officiels. Les Japonais expriment leur année de naissance le plus souvent en donnant l'année de l'ère impériale correspondante. Le Japon est le seul pays au monde à encore utiliser des calendriers suivant cette tradition chinoise.
Une période "débordant d'espoir"
Selon les règles, le nom de l'ère doit convenir aux idéaux de la nation, comprendre deux "kanji" – le nom porté par les idéogrammes utilisés par les Japonais, qui proviennent pour la plupart du chinois – qui doivent être faciles à écrire et à lire, qui ne doivent pas être d'usage courant ou avoir déjà été utilisés auparavant.
Les deux caractères utilisés pour l'ère "Reiwa" 令和 peuvent signifier "agréable" ou "ordre" et "paix" ou "harmonie", donc une expression, dans un sens plus large, que l'on peut interpréter par "Japon ordonné et pacifique".
"Cela signifie la naissance d'une civilisation où règne une harmonie entre les êtres", a précisé en conférence de presse le Premier ministre Shinzo Abe. "Le printemps vient après l'hiver sévère, ce nom veut marquer le début d'une période qui déborde d'espoir", a-t-il ajouté.
Le terme est tiré d'un court poème japonais "waka" faisant référence à la nature, extrait du plus ancien recueil de poèmes japonais appelé Manyoshu, datant d'il y a plus de 1200 ans. "C'est la première fois qu'il s'agit d'un terme issu de textes japonais" et non chinois, a précisé le chef du gouvernement, souvent qualifié de nationaliste, se disant "fier de la longue histoire du Japon".
Un nom mûrement réfléchi
L'appellation de cette ère, dont la révélation est en soi un événement historique pour les Japonais, est le résultat d'une réflexion de plusieurs mois entre experts, personnalités d'origines diverses et dirigeants politiques.
Le nom de la personne qui a trouvé cette appellation ne sera pas dévoilé, à sa demande, mais aussi parce que le nom ne doit pas être associé à un individu en particulier. Le gouvernement ne révélera pas non plus les autres noms d'ère qui ont été débattus, ni combien ont été envisagés.
Le décret définissant le nom de la nouvelle ère est signé par l'actuel empereur Akihito. L'appellation de la nouvelle ère, comme les 247 qui l'ont précédée, restera pour l'éternité.
Les dernières propositions en lice avaient été présentées vendredi au Prince héritier et futur empereur Naruhito, mais l'avis de ce dernier importait peu car il n'a aucun pouvoir décisionnel en la matière. Il serait anticonstitutionnel qu'il ait influencé le choix final effectué par l'exécutif.
Stéphanie Jaquet et les agences
Fin de l'ère "Heisei"
L'ère "Heisei", qui a débuté le 8 janvier 1989, marquait l'avènement au pouvoir d'Akihito: il montait sur le trône le lendemain du décès d'Hirohito, aussi appelé empereur "Showa", du nom de son ère.
"Heisei" 平成 signifie "accomplissement de la paix". Le secrétaire général du gouvernement d'alors, Keizo Obuchi, avait révélé le binôme de kanji "heisei" et avait ensuite lu la "Déclaration du Premier ministre Noboru Takeshita" explicitant le terme.
"Englobant le souhait que la paix soit accomplie au Japon comme à l'étranger, sur Terre comme aux cieux, il s'agit du nom jugé le plus approprié pour l'époque qui débute avec cette nouvelle ère", disait le texte.