S'exprimant lors d'une cérémonie de passation du pouvoir à la
présidence israélienne, le chef de l'Etat Shimon Peres a lui aussi
exhorté Benjamin Netanyahu à accepter le principe d'un Etat
palestinien aux côtés d'Israël.
"Le gouvernement doit déployer des efforts suprêmes pour avancer
dans le processus de paix sur tous les volets", a dit Shimon Peres.
"Le gouvernement sortant a accepté la vision de deux Etats pour
deux peuples lancée par l'administration américaine et adoptée par
la majorité de la communauté internationale, et votre gouvernement
doit s'adapter à cette réalité", a-t-il ajouté.
Pas d'illusion
Mais le président palestinien Mahmoud Abbas, qui a rencontré le
premier ministre sortant Ehud Olmert à plus de 20 reprises depuis
fin 2007 pour tenter de parvenir à un accord de paix, a dit ne pas
se faire d'illusions. "Benjamin Netanyahu n'a pas accepté la
solution des deux Etats ou les accords déjà signés et ne veut pas
arrêter la colonisation. Cela est évident", a-t-il affirmé, dans un
entretien publié par l'agence officielle palestinienne WAFA.
"Nous devons dire au monde que cet homme ne croit pas à la paix.
Il faut mettre la balle dans le camp du monde entier pour qu'il
fasse pression sur lui et pour que le monde assume ses
responsabilités", a-t-il ajouté.
Etat palestinien pas évoqué
La veille, dans son discours d'investiture, Benjamin Netanyahu
s'était dit prêt à négocier un accord de paix avec l'Autorité
palestinienne, mais sans parler d'un Etat palestinien, dont le
programme de son gouvernement ne fait aucune mention. Il a pris le
risque de se mettre à dos l'Union européenne et le président
américain Barack Obama qui entendent oeuvrer pour un tel Etat en
Cisjordanie et dans la bande de Gaza et qui figure au coeur des
efforts de paix depuis des années.
De son côté, le nouveau ministre israélien des affaires étrangères
Avigdor Lieberman a lui affirmé qu'Israël n'était pas lié par le
processus d'Annapolis (Etats-Unis) ayant relancé les négociations
de paix avec les Palestiniens en novembre 2007. "Il n'y a qu'un
seul document qui nous lie et ce n'est pas la conférence
d'Annapolis (...), seulement la Feuille de route", a-t-il dit.
A Gaza, le mouvement islamiste Hamas dont Benjamin Netanyahu a
préconisé le renversement lors de sa campagne électorale, a affirmé
qu'il "n'existe pas de différence entre les différents
gouvernements sionistes", tout en estimant que celui de Benjamin
Netanyahu "est le plus clair dans son programme raciste et son déni
des droits du peuple palestinien".
Rejet par les Israéliens
La communauté internationale s'est inquiétée de l'arrivée au
pouvoir d'un gouvernement Netanyahu, fortement ancré à droite
malgré la participation du Parti travailliste, craignant qu'il ne
donne le coup de grâce aux efforts de paix et intensifie la
colonisation.
Le Parti du Judaïsme unifié de la Torah (orthodoxe ashkénaze cinq
députés) a signé mercredi un accord avec le Likoud pour se joindre
à la coalition de Benjamin Netanyahu. Selon un sondage publié par
le journal "Haaretz", pas moins de 54% des Israéliens s'affirment
mécontents de ce cabinet de 30 ministres, qu'ils jugent
hypertrophié et inefficace, contre 30% de satisfaits, et 16% sans
opinion.
afp/sbo/lan
Un gouvernement très à droite
Le parlement israélien a avalisé mardi soir l'investiture du gouvernement de Benjamin Netanyahu. Son ancrage à droite et la confirmation de l'ultra-nationaliste Avigdor Liebermann aux Affaires étrangères suscitent l'inquiétude pour la paix de la région.
Fortement dominé par les partis de droite et l'extrême droite, ce cabinet suscite l'inquiétude pour la poursuite du processus de paix avec les Palestiniens, Benjamin Netanyahu étant opposé à un Etat palestinien indépendant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, dont la création est soutenue par les Etats-Unis et l'Europe.
Sur les 30 ministères, le Likoud en contrôle 14, dont la Santé, les Affaires stratégiques, les Finances et l'Education.
Israël Beiteinou (extrême droite nationaliste) en obtient 5, dont les Affaires étrangères, l'Intégration et la Sécurité intérieure.
Le Shass (ultra-orthodoxe) hérite de 4 ministères, dont l'Intérieur et l'Habitat.
Les Travaillistes en obtiennent 5, dont la Défense, l'Agriculture, et les Affaires sociales.
La Justice et les Sciences reviennent à des petits partis.