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Obama veut obtenir le soutien des pays arabes

Barack Obama et le roi Abdallah en bons termes.
Barack Obama et le roi Abdallah en bons termes.
Barack Obama a entamé mercredi une mini-tournée arabe par une escale en Arabie saoudite. L'objectif du président américain est double: obtenir le soutien des pays arabes pour aboutir à la paix au Proche-Orient et tendre la main au monde musulman. Une ouverture qui inquiète fortement Israël.

L'avion présidentiel s'est posé mercredi après-midi à Ryad.
Barack Obama a été accueilli au pied de l'avion par le roi
Abdallah. Les deux hommes se sont embrassés avant de se rendre dans
une résidence du souverain, à l'extérieur de la capitale
arabe.



Signe de la difficulté de sa tâche face aux courants contraires
parcourant la région, le président américain a été précédé au
Proche-Orient par deux messages signés Al-Qaïda. Le no2 du
mouvement Ayman Al-Zawahiri a tout d'abord ravalé Obama au rang de
"criminel" perpétuant les guerres en Irak et en Afghanistan, et a
dénigré son voyage comme une "visite ridicule" et une "opération de
relations publiques". Oussama ben Laden a ensuite diffusé lui-même
un nouveau message .

Entente cordiale

Avant son discours attendu sur la réconciliation, Barack Obama a
souhaité rencontrer tout d'abord son allié saoudien. "C'est ma
première visite en Arabie saoudite mais j'ai eu plusieurs
conversations avec sa majesté Abdallah", a déclaré le président
américain. "J'ai été frappé par sa sagesse et sa grâce", a-t-il
ajouté, en se félicitant de la longue relation entre les Etats-Unis
et l'Arabie saoudite.



"Alors que j'ai entrepris ce voyage et que je dois visiter Le
Caire, j'ai pensé qu'il serait très important de venir là où
l'islam est né pour demander conseil à sa majesté", a encore
affirmé Barack Obama. "Je suis persuadé qu'en travaillant ensemble,
les Etats-Unis et l'Arabie saoudite peuvent réaliser des progrès
sur toutes les questions d'intérêt commun."



Le roi Abdallah a décoré Barack Obama d'une haute distinction
saoudienne. Il lui a placé le collier en or de cet ordre autour du
cou, tout en rendant un hommage appuyé au nouveau leader américain.
"Je veux exprimer mes meilleurs voeux au peuple américain frère qui
est représenté par cet homme distingué qui mérite d'être à la place
où il est", a déclaré le roi.

Paix israélo-palestinienne

L'effort engagé pour
ranimer une diplomatie moribonde entre Israéliens et Palestiniens
s'est imposé progressivement comme une priorité du premier voyage
de Barack Obama dans la région. Cet effort donne lieu à un conflit
d'une force inattendue entre les intérêts des Etats-Unis et de leur
ami historique, Israël.



Comme les autres pays arabes, l'Arabie saoudite, qui passe pour
pouvoir jouer un rôle primordial pour la paix, attend de Barack
Obama qu'il rompe avec l'indulgence supposée de son prédécesseur
George W.Bush envers Israël. Barack Obama a paru vouloir rassurer
quant à sa fermeté lundi lorsque il a affirmé la nécessité d'être
"honnête" avec Israël sur le fait que la tendance actuelle, "dans
la région, est profondément négative, non seulement pour les
intérêts israéliens, mais aussi pour les intérêts
américains".



Un Etat palestinien doit voir le jour à terme et Israël doit
arrêter la colonisation dans les Territoires, a redit Barack Obama,
ce à quoi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se
refuse d'adhérer.



Pour convaincre les Israéliens, Barack Obama pourrait tenter, avec
des chances réduites de succès selon les experts, d'obtenir du
président égyptien Hosni Moubarak et du roi Abdallah d'Arabie
saoudite des mesures concrètes signalant une volonté arabe de
conciliation.

Les grands moyens pour convaincre

La Maison Blanche va mobiliser les grands moyens de la
communication moderne pour que la parole de Barack Obama soit
entendue du plus grand nombre, mais elle admet qu'il en faudra plus
pour regagner les faveurs musulmanes. "Il s'agit de remettre à zéro
nos relations avec le monde musulman. Nous ne nous attendons pas à
ce que tout change après un seul discours", a dit son
porte-parole.



Après l'Egypte, le président américain ralliera l'Europe pour
visiter vendredi le camp de concentration de Buchenwald, en
Allemagne, et participer samedi au 65e anniversaire du Débarquement
en Normandie, en France.



agences/boi

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Un discours qui inquiète Israël

Israël s'inquiète du discours de réconciliation avec le monde musulman que Barack Obama doit prononcer jeudi au Caire au moment où les relations entre les deux alliés historiques traversent de sérieuses turbulences.

Les responsables israéliens redoutent que ce rapprochement se fasse aux dépens de l'Etat hébreu et de ses relations traditionnellement privilégiées avec Washington durant la présidence de George W.Bush.

"Le président américain a le droit de tenter de se réconcilier avec le monde musulman et faire concurrence à Al-Qaïda ou l'Iran pour conquérir son coeur. Pour notre part nous devons vérifier que ce cela ne portera pas atteinte à nos intérêts communs", a déclaré le ministre des Transports, Israël Katz.

Ce proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, tout en affirmant que Barack Obama était "amical envers Israël", a reconnu qu'il y avait "une approche différente" de celle de George W.Bush.

"Il envoie d'autres messages au monde arabe et musulman, c'est une autre réalité, qui n'est pas facile", a-t-il ajouté. Israël Katz faisait allusion aux tensions apparues entre Israël et les Etats-Unis après le refus de Benjamin Netanyahu d'accepter l'idée d'un Etat palestinien et de geler totalement la colonisation juive en Cisjordanie occupée, comme le réclame Barack Obama.

Le quotidien Haaretz affirme que le président américain a l'intention d'accorder à Benjamin Netanyahu après son discours au Caire un délai de quatre à six semaines pour "actualiser" ses positions.

Méfiance égyptienne à l'égard d'Obama

Barack Obama se rendra ensuite en Egypte, un pays qui se méfie des objectifs américains au Proche-Orient et du président lui-même.

Selon un sondage paru mardi, l'anti-américanisme semble toujours bien présent dans ce pays: 67% des Egyptiens jugent que les Etats-Unis jouent un rôle négatif dans le monde.

En outre, 76% des sondés pensent que les Etats-Unis veulent affaiblir et diviser le monde musulman, 80% estiment qu'ils veulent contrôler le pétrole du Moyen-Orient et 80% jugent que les USA veulent imposer leur culture aux pays musulmans.

Ces chiffres n'ont pratiquement pas changé par rapport à une enquête similaire réalisée en 2008.

Malgré tout, Barack Obama est vu plus favorablement que son prédécesseur: 39% des personnes interrogées pensent qu'il fera les bons choix en matière de politique étrangère, alors qu'ils n'étaient que 8% à considérer George W.Bush favorablement en janvier 2008.

L'opinion des Egyptiens vis-à-vis du gouvernement américain s'est aussi améliorée, passant de 27% d'opinions favorables en août 2008 à 46%.