Le dernier bilan, publié jeudi, fait état d'au moins 62 personnes tuées entre dimanche et mardi lors d'attaques de djihadistes suivies d'affrontements intercommunautaires à Arbinda, dans le nord du Burkina Faso. Des habitants ont également été pris en otage.
La moitié des personnes décédées ont été victimes de terroristes, les autres sont décédées du fait des conflits communautaires et des représailles entre communautés, selon le ministre burkinabé de l'Administration territoriale Siméon Sawadogo.
Car dans ces régions, des éleveurs nomades et des cultivateurs sédentaires doivent se partager la même terre alors que les conflits entre ethnies sont attisés par des groupes armés. Et les attaques au Burkina Faso et au Mali relèvent des mêmes problématiques.
Communautés prises dans une spirale de violence
"On retrouve à peu près les mêmes communautés, et principalement la communauté peule qui est nomade et qui passe entre les deux frontières", explique le Malien Baba Dakono, chercheur à l'Institute for Security Studies (ISS) basé en Afrique du Sud, dans La Matinale. "Ce sont des communautés qui sont prises dans une spirale de violence qui implique notamment des groupes extrémistes violents. Il y a également les réseaux de trafics qui opèrent le long des frontières entre le Mali et le Burkina mais aussi plus au nord du Mali à la frontière avec le Niger."
Risque d'embrasement réel du Sahel
Pour Baba Dakono, le risque d’embrasement régional est réel et la menace s’élargit. "Au Burkina aujourd'hui, la menace est descendue vers l'est avec des inquiétudes sur les pays de la côte, notamment le Bénin, le Togo et le Ghana", constate le chercheur. "Dans toutes les localités, que ce soit au Mali ou au Burkina, où il y a des failles dans la gouvernance, où il y a des clivages socio-professionnels, il y a un grand risque que ces clivages soient exploités, instrumentalisés, que l'on retourne ces communautés contre l'Etat."
Or ces pays du Sahel sont pour l’heure incapables d’assurer la sécurité des différentes communautés - et notamment des Peuls, de plus en plus assimilés aux djihadistes.
Caroline Stevan/oang/agences
Pire attaque au Mali depuis 2013
Le 23 mars, quelque 160 habitants du village peul d'Ogassogou, au Mali, avaient péri lors d'une tuerie attribuée à des chasseurs dogons.
Il s'agissait de l'attaque la plus meurtrière dans le pays depuis la fin des principaux combats de l'opération lancée en 2013, à l'initiative de la France, pour chasser les groupes djihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du pays.
Le gouvernement malien avait annoncé le lendemain avoir mis fin aux activités d'une milice de chasseurs dogons et limogé les chefs de l'armée.
Des enquêteurs de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) s'étaient rendus sur place, de même que des enquêteurs du pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée au Mali.