Le chef du gouvernement italien est passé lundi à la contre-
attaque. Doutant fortement d'une réconciliation avec son épouse, il
lui a demandé de s'excuser publiquement de ses accusations.
"Veronica devra me demander des excuses publiques. Et je ne sais
pas si cela suffira (...) C'est la troisième fois qu'elle me fait
le coup en pleine campagne électorale. C'est trop", a déclaré
Silvio Berlusconi au " Corriere della Sera ", le journal à plus grand tirage de la
Péninsule.
"J'ai maintenu une situation difficile (le mariage, ndlr) par
amour des enfants, mais maintenant c'est fini, les conditions ne
sont plus réunies pour aller de l'avant", a-t-il aussi affirmé à "
La Stampa ".
Le "papounet" de trop
Veronica Lario, que Silvio Berlusconi a épousée en 1990, a fait
savoir dimanche via la presse qu'elle allait demander le divorce du
père de ses trois enfants. L'ancienne actrice de 52 ans a dénoncé
la présence la semaine dernière de plusieurs jolies filles sur la
liste du parti du chef du gouvernement pour les européennes. Elle a
ainsi contraint son mari à en exclure certaines.
Mais la goutte qui a fait déborder le vase semble être la présence
de Silvio Berlusconi, 72 ans, au 18e anniversaire d'une jeune fille
blonde qui l'appelle "papounet". "Je ne peux pas rester avec un
homme qui fréquente des mineures", a lancé Veronica Lario.
Silvio Berlusconi s'est défendu avec force de ces accusations dans
une interview lundi à la "Stampa". "Je fréquenterais, comme l'a dit
Madame, des filles de 17 ans. C'est une affirmation que je ne peux
pas supporter. Je suis ami avec son père: un point c'est tout. Je
le jure".
Il y a deux ans, Veronica avait déjà exigé dans une lettre ouverte
à la presse de gauche des excuses publiques de son mari après que
le Cavaliere eut proposé en plaisantant à une jeune députée de
l'épouser. Elle avait obtenu des excuses et la députée, Mara
Carfagna, est aujourd'hui ministre de l'Egalité des chances.
afp/ant
Quelles conséquences politiques?
La "Stampa" affirmait lundi que l'entourage du Cavaliere était préoccupé par les conséquences politiques de ce scandale à un mois des européennes. Mais la plupart des analystes doutent de répercussions importantes.
"Je ne pense pas que cela lui nuise, les ressorts de sa popularité sont fondés sur d'autres éléments. Cette histoire peut cependant choquer une partie de son électorat, les Italiens catholiques, pratiquants réguliers", déclare le politologue Marc Lazar.
Selon le dernier sondage de l'Institut Ipsos, le Parti du peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi améliore encore son score des législatives d'avril 2008 avec 40% de soutien. Le Parti démocrate (PD, gauche) continue de s'effondrer, avec 26,2% des intentions de vote.
Reste que, selon le politologue de l'université de Florence Marco Tarchi, ce déballage intime est sans précédent. "A l'époque de la Démocratie chrétienne, il y avait des ragots, la presse pouvait y faire allusion pour nuire à tel ou tel mais jamais un journaliste n'aurait osé interroger un leader sur sa vie privée. On savait à peine s'ils avaient des enfants ou s'ils étaient divorcés", conclut le politologue.