Les 20 principales économies mondiales ont notamment décidé
d'augmenter de 1000 milliards de dollars (742 milliards d'euros)
les moyens des institutions financières, et pris des décisions
concrètes pour renforcer la régulation des marchés, dont des
mesures contre les paradis fiscaux et les fonds spéculatifs.
Le communiqué final du sommet, adopté après des discussions
tendues, selon le président français Nicolas Sarkozy, donne
satisfaction aux Américains comme aux Européens, aux grands pays
émergents comme aux pays développés.
1000 milliards
Première décision, les moyens des institutions financières
internationales (Fonds monétaire international, Banque mondiale...)
vont être accrus de 1000 milliards de dollars, dont la moitié pour
le FMI qui verra ses ressources triplées. La vente d'une partie des
stocks d'or du FMI va permettre de doubler ses prêts aux pays
pauvres.
Le G-20 a décidé d'accroître de 250 milliards de dollars (186
milliards d'euros) le financement du commerce international dans
les deux prochaines années.
La France et l'Allemagne ont obtenu une déclaration solennelle sur
la régulation financière, qui reconnaît que les "défaillances
graves du secteur financier et de la régulation" sont à l'origine
de la crise.
Surtout, des mesures concrètes ont été décidées. Les hedge funds
(fonds spéculatifs), qui échappaient jusque-là à la régulation,
vont être soumis à une obligation d'immatriculation et de
transparence dans la gestion.
Paradis fiscaux
L'OCDE (Organisation de coopération et
de développement économiques) va publier une liste des paradis
fiscaux, trous noirs de la finance internationale. La Suisse a été placée sur une liste grise , qui
regroupe 38 pays. La liste contient quatre noms (le Costa Rica, la
Malaisie, les Philippines et l'Uruguay) Les ministres des Finances
mettront en oeuvre des sanctions contre les pays qui continueraient
de ne pas coopérer avec le fisc ou la justice.
Des principes communs ont été définis pour la rémunération des
traders, qui sera contrôlée par les autorités de régulation. Les
agences de notation seront soumises à un code de bonne conduite.
Les normes comptables seront revues. La définition des fonds
propres des banques sera modifiée.
Le G-20 n'a en revanche annoncé aucune mesure supplémentaire de
relance de l'économie, malgré les souhaits des Etats-Unis.
Afin d'évaluer cette application, les leaders du G-20 ont d'ores
et déjà prévu de réunir un troisième sommet à New York en septembre
prochain au moment de l'assemblée générale des Nations unies.
Les bourses bondissent
Les marchés mondiaux ont connu une journée d'euphorie jeudi, les
yeux rivés sur Londres où se tenait le sommet du G20 qui a débouché
sur un compromis de nature à réjouir les investisseurs.
La Bourse suisse a clôturé en nette progression. L'indice Swiss
Market Index (SMI) de ses principales valeurs a grimpé de 3,26% à
5178,53 points.
Les autres indices boursiers ont également affiché des hausses
spectaculaires: 6,07% à Francfort, 5,37% à Paris, 4,28% à
Londres.
La Bourse de New York a fini en forte hausse jeudi, malgré un
essoufflement en fin de séance, stimulée notamment par le "nouvel
ordre mondial" promis par le G20: le Dow Jones a gagné 2,73% et le
Nasdaq 2,82%.
ap/nr
Satisfaction générale
Les chefs d'Etat et de gouvernement ne cachaient pas leur satisfaction après ce sommet d'une journée dans les anciens docks de Londres.
"Aujourd'hui les principaux pays du monde sont d'accord sur un plan global pour la reprise économique et la réforme", s'est réjoui le Britannique Gordon Brown, hôte du sommet.
Nicolas Sarkozy, qui avait menacé de claquer la porte si le sommet débouchait sur un accord a minima, a salué des résultats "sans précédent", "au-delà de ce que nous pouvions imaginer". "Tous, nous sommes conscients que seuls nous ne pouvons rien, qu'il faut de nouvelles règles, une refondation du système. C'est ce que nous avons fait", a déclaré le président français.
La chancelière allemande Angela Merkel a salué un "compromis très, très bon, presque historique".
Le président américain Barack Obama a déclaré jeudi que sommet de Londres était "un tournant" dans la poursuite du redressement économique au niveau international, et que les pays du G20 avaient rejeté le protectionnisme susceptible d'approfondir la crise.
Il a également appelé à l'unité internationale sur cette crise, soulignant qu'il s'agissait d'un devoir à l'égard des citoyens. "Il est difficile pour 20 chefs d'Etat de combler nos différends", a-t-il toutefois déclaré.
Manifestants très discrets
Les manifestations anti-G20 à Londres, au cours desquelles une personne est morte mercredi dans des circonstances inexpliquées, n'ont pas connu la mobilisation escomptée. Ils ont causé des perturbations et des échauffourées, mais pas de paralysie générale.
Au plus fort de la journée, quelque 400 personnes ont protesté aux abords du centre situé dans l'est de Londres où les dirigeants des pays industrialisés et émergents tentaient de trouver un remède à la crise économique mondiale.
Jeudi, une centaine de personnes étaient regroupées sur la petite place située devant la banque centrale, déposant notamment des bouquets de fleurs à l'endroit où un homme de 47 ans a fait un malaise mercredi.
Son décès a été ensuite prononcé à l'hôpital. Scotland Yard a annoncé au total l'arrestation de 111 personnes depuis mardi, dont quatre avaient été inculpées jeudi matin.