Ces descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l’Etat d’Israël représentent plus de 17% de la population. Mais certains sont déçus par le travail de leurs députés et d’autres rejettent tout simplement la Knesset, le Parlement israélien, par solidarité avec les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza.
"Soit nous votons, soit nous finirions en dehors de la patrie", chante un rappeur arabe d’Israël, qui tente de mobiliser sa communauté à la veille de ce scrutin.
"40% n'ira pas voter"
Quatre jours avant le vote, Balad, l’un des partis arabes israéliens représentés au Parlement, tenait un meeting à Tel Aviv. L’une des figures du parti, la députée Haneen Zoabi, craint elle aussi une forte abstention.
"Je pense qu’au moins 40% de notre minorité ne va pas aller voter. La Knesset est pourtant l’un des outils pour montrer la nature raciste de l’Etat et pour lutter non seulement pour nos droits, mais aussi pour une autre définition de l’Etat", souligne-t-elle.
La députée dénonce la loi sur l’Etat-Nation votée l’an dernier, ainsi que le discours de haine à l’égard de la minorité arabe tout au long de cette campagne. "Nous luttons contre un Etat qui ne veut pas de nous. Le simple fait que je me définisse comme Palestinienne est vue comme une menace. Mon histoire est perçue comme une menace stratégique. Nous ne luttons pas dans un cadre démocratique normal, c’est une sorte de colonialisme", fustige-t-elle.
"Rhétorique anti-arabe"
"Israël n’est pas un pays pour tous ces citoyens", a en effet déclaré Benjamin Netanyahu à l'actrice isréalo-américaine Natalie Portman, qui dénonçait en fin d'année dernière la rhétorique anti-arabe du parti Likoud.
Lors des précédentes législatives, en 2015, le Premier ministre israélien avait déclaré le jour des élections que les Arabes se déplaçaient en masse pour voter, comme s'il s'agissait d'une menace, alors que ce sont des électeurs de plein droit. Cette année, la Commission électorale centrale, composée principalement de députés, a tenté en vain d’écarter des listes et candidats arabes. La Cour Suprême, elle, a validé ces candidatures.
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Référendum pour ou contre "Bibi" Netanyahu
Mardi 9 avril, six millions d'Israéliens sont appelés à élire leur Parlement. Ils ne choisissent pas directement leur Premier ministre, qui sera issu de la majorité parlementaire. Mais le scrutin qui s'ouvre à 07h00 locales (06h00 en Suisse) a toutes les allures d'un référendum pour ou contre "Bibi" Netanyahou, actuel Premier ministre au pouvoir depuis treize ans.
Le sortant, entaché par les affaires de corruption, fait face à un sérieux rival, le centriste Benny Gantz, novice en politique mais ancien chef d'Etat-major. Jusqu'au bout d'une campagne acrimonieuse, les sondages ont placé le Likoud de Benjamin Netanyahou, parti de droite, au coude-à-coude avec la liste centriste Bleu-Blanc de Benny Gantz.
Avec une trentaine de sièges prédits à chacun, l'un et l'autre restent loin de la majorité absolue (61 sur 120) et devront s'allier à d'autres formations pour gouverner.
Isabelle Cornaz, envoyée spéciale à Tel Aviv/kkub
Routes d'accès à Israël fermées depuis les territoires palestiniens
Les points d'accès à Israël à partir des territoires palestiniens occupés de Cisjordanie et de la bande de Gaza seront fermés mardi pendant 24 heures à l'occasion des élections législatives israéliennes, a annoncé dimanche l'armée israélienne.
Un "bouclage sera imposé" à partir de lundi minuit, une décision prise après des "évaluations sécuritaires", précise l'armée dans un communiqué. "Les points de passage resteront ouverts pour les cas humanitaires et médicaux", a-t-elle toutefois précisé.
Israël ferme d'habitude ses points de passage avec les territoires palestiniens les jours fériés, en vue de prévenir d'éventuelles attaques anti-israéliennes.