Alors que les quelque 200 répliques à la secousse initiale de
6,3 degrés enregistrée à 03h35 selon l'institut géologique
américain - se poursuivaient lundi, le bilan humain n'a cessé de
s'alourdir au fil des heures. Citées par l'agence Ansa, des sources
hospitalières faisaient état en début de soirée de plus de 1500
blessés. Selon la Protection civile, environ 50'000 personnes sont
sans abri. Ansa a évoqué le nombre de 70'000.
Des équipes de sauveteurs avec des chiens et des engins lourds
étaient à l'oeuvre dans les ruines. Le ministre de l'Intérieur
Roberto Maroni a annoncé l'envoi de 1700 hommes en renfort, dont
1500 pompiers. Pour l'heure, 60 personnes ont été sorties vivantes
des décombres.
Le plus grand nombre de victimes est à déplorer à L'Aquila
capitale de la province des Abruzzes - où était situé l'épicentre
du séisme. Au total, quelque 26 villes et villages de cette région
de 11 000 km2, couverte aux deux-tiers de montagnes, ont été
sérieusement endommagés.
Agglomérations anéanties
Les témoignages d'habitants ont
afflué durant toute la journée. «J'ai été réveillée en sursaut,
j'ai cru que c'était une bombe», a raconté une femme de 87 ans
citée par l'agence Reuters. «Nous avons pu sortir, des tas de
choses tombaient autour de nous. Tout bougeait, même les meubles.
Je n'avais jamais vu une chose pareille».
Le président de la chambre des députés, Gianfranco Fini, a affirmé
que certaines agglomérations avaient été «virtuellement anéanties»
et qu'environ 15'000 bâtiments demeuraient inaccessibles. Beaucoup
des 50'000 habitants de L'Aquila, une ville à l'architecture
médiévale du XIIIe siècle, bourgeoise et commerçante, ont quitté
les lieux dès le début de la matinée par peur des répliques.
Selon la protection civile, plus de dix mille maisons et édifices
ont été endommagés dans la région. Le centre historique de L'Aquila
a particulièrement souffert. Plusieurs églises et un château du
XVIe, siège du musée national des Abruzzes, ont été endommagés.
Le plus meurtrier en 30 ans
Signe de l'importance du drame, le chef du gouvernement Silvio
Berlusconi a annoncé qu'il renonçait à son voyage en Russie, prévu
ce lundi. «La situation est telle que la présence du chef du
gouvernement sur place peut être utile», a-t-il dit.
Un Conseil des ministres extraordinaire a été convoqué en fin de
journée. Sur une radio, le coordonnateur des secours, Guido
Bertolaso, a estimé qu'il faudrait «beaucoup de temps» pour faire
disparaître les traces de cette catastrophe.
La secousse a été ressentie dans tout le centre de l'Italie, de
l'Adriatique à la mer Thyrénienne, et notamment dans la capitale où
elle a réveillé de nombreux Romains.
Ce tremblement de terre est le plus meurtrier qui ait frappé la
Péninsule depuis celui de novembre 1980, responsable de 2735 morts
en Campanie dans le sud du pays.
ats/afp/bri
Des premières secousses en
janvier
Un technicien de l'Institut national italien d'astrophysique avait
alerté les autorités civiles des risques de séisme qui menaçaient
la région des Abruzzes. Ses mises en garde n'ont toutefois pas été
prises en compte, a-t-il indiqué.
"Cela fait dix ans que nous réussissons à prévoir ce genre
d'événements à une distance de 100 à 150 km. Depuis trois jours, il
y avait une augmentation de radon", un gaz qui accompagne les
séismes, "au-delà des seuils de sécurité", a-t-il déclaré.
Provoquant plusieurs mouvements de panique, le technicien, qui n'a
pas de "maîtrise universitaire", avait été contraint de retirer de
son site internet les résultats de ses recherches.
Les premières secousses telluriques avaient été ressenties à la
mi-janvier dans la cité médiévale et elles avaient continué à se
produire à intervalles réguliers. La protection civile italienne
avait organisé le 31 mars une réunion de la commission des risques
majeurs, afin de rassurer la population.
Interrogé sur la question, le président du Conseil, Silvio
Berlusconi, est apparu sur la défensive, disant qu'il convenait de
se concentrer sur les opérations de secours.
La Suisse offre son aide; l'Italie la décline
De nombreux pays, dont la Suisse, ont immédiatement offert de l'aide à l'Italie. Agostino Miozzo, l'un des chefs de la protection civile italienne a indiqué que pour l'instant, «nous n'en avons pas besoin».
Les présidents américain Barack Obama, en visite en Turquie, et russe Dmitri Medvedev ont présenté leurs condoléances aux familles des victimes.
Le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz a fait de même au nom de la Suisse. Le président français Nicolas Sarkozy a assuré Silvio Berlusconi de sa «profonde sympathie».
Le Vatican a annoncé de son côté que le pape Benoît XVI priait «pour les victimes, en particulier pour les enfants».