Jeudi, 226 clandestins à bord de trois embarcations ont été
secourus par des vedettes italiennes au sud-est de l'île de
Lampedusa, dans une zone sous la responsabilité de Malte.
Ils ont été débarqués non à Lampedusa ou en Sicile, où ils
voulaient se rendre, mais en Libye d'où ils étaient partis pour
gagner l'Europe. L'Italie et Malte avaient refusé tour à tour
mercredi soir d'accueillir les immigrés.
Changement d'attitude
Jamais auparavant la Libye n'avait accepté le retour de migrants
partis de ses côtes. Elle avait toujours argué de l'étendue de ses
côtes et de la faiblesse de ses moyens pour estimer que le pays ne
pouvait seul régler le problème des flux migratoires à travers la
Méditerranée.
Ce changement d'attitude a été rendu possible par «l'accord
d'amitié» signé en août 2008 entre l'Italie et la Libye. Le texte
prévoit que les autorités de Tripoli renforcent la lutte contre
l'immigration clandestine, notamment à travers des patrouilles
mixtes en mer.
Ministre italien enchanté
Le ministre de l'Intérieur italien Roberto Maroni, du parti
anti-immigration de la Ligue du Nord, a salué «une journée
historique dans la lutte contre l'immigration clandestine». Le
rapatriement immédiat sans passage par un centre d'accueil en
Italie ou à Malte peut représenter un tournant dans cette lutte,
a-t-il affirmé.
Le ministre a indiqué que des patrouilles maritimes conjointes
italo-libyennes visant à intercepter les embarcations des passeurs
dès leur départ d'Afrique allaient démarrer ces prochains
jours.
L'»accord d'amitié», signé par Silvio Berlusconi et le colonel
Mouammar Khadafi après des décennies de brouille entre Rome et son
ancienne colonie, prévoit que les patrouilles débutent le 15
mai.
ats/cab
Vive inquiétude du HCR
Les organisations de défense des droits de l'homme, à l'instar du HCR, ont fait part de leur inquiétude.
«Je demande aux autorités italiennes et maltaises de continuer à assurer le plein accès aux procédures d'asile aux personnes secourues en mer et qui ont besoin de protection internationale», a déclaré le Haut Commissaire aux réfugiés Antonio Guterres.
L'agence de l'ONU demande aux autorités italiennes de reconsidérer leur changement de politique, «une source de sérieuse préoccupation», et de respecter le principe de non-refoulement.
Elle souligne que la Libye n'a pas signé la Convention de 1951 sur les réfugiés et n'a pas un système d'asile en état de fonctionnement.
Le HCR souligne que bien qu'aucune information ne soit disponible sur la nationalité des immigrés rapatriés en Libye, «il est très probable que parmi eux se trouvent des personnes aptes à bénéficier» du statut de réfugié. »
MSF-Italie a parlé d'une «journée noire» pour les droits de l'Homme.
La Libye, port de départ vers l'Italie
L'immense majorité des immigrés qui arrivent en Italie par la mer embarquent des côtes libyennes.
L'Italie a vu arriver sur ses côtes 36'900 migrants en 2008, un chiffre en hausse de 75% par rapport à 2007, selon le ministère de l'Intérieur.
Depuis le début 2009 cependant les chiffres sont en baisse: il n'y aurait eu que 3600 nouvelles arrivées entre janvier le mi-avril 2009, selon les mêmes sources.