Le premier délai accordé par l'UE à Theresa May, du 29 mars au 12 avril, n'a pas porté ses fruits. La cheffe du gouvernement britannique demande un report au 30 juin. Ce qui implique, elle le reconnaît, la participation du Royaume-Uni aux élections européennes (du 23 au 26 mai).
Le 30 juin, c'est trop court, répond le président du Conseil européen, Donald Tusk. Il propose un long report, pouvant aller jusqu'à un an. Cette solution présente des avantages, selon Nicolai von Ondarza, membre de la Fondation science et politique à Berlin.
"Une extension jusqu'à la fin de l'année donnerait suffisamment de temps aux Britanniques pour débloquer la situation à Westminster, soit par des élections générales, soit par un second référendum. Par la même occasion, ça limiterait le risque que le Royaume-Uni reste trop longtemps, et qu'il ait son mot à dire, par exemple, sur le prochain budget et les grandes décisions à venir", explique-t-il.
Situation toxique
L'inconvénient d'un long report, c'est qu'il permet au Royaume-Uni, tant qu'il est là, de bloquer ou de perturber les décisions. Plus généralement, le Brexit risque d'absorber toute l'énergie des 27 pendant de longs mois encore. Une situation toxique pour l'Union européenne, selon Eric Maurice, responsable de la Fondation Robert Schuman à Bruxelles.
"L'UE doit-elle se focaliser sur le Brexit? Ou doit-elle gérer les défis que posent les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la Turquie, la rupture technologique avec l'intelligence artificielle et le rôle croissant des plateformes numériques, qui posent des problèmes à l'UE? On sent bien qu'en l'absence d'un règlement définitif, le travail de l'UE est très difficile sur ces questions-là", assure-t-il.
La chancelière allemande Angela Merkel s'est dite favorable mercredi à un report du Brexit au-delà du 30 juin. "Je suis d'opinion et le gouvernement fédéral est d'opinion que nous devons laisser un délai raisonnable aux deux partis politiques" conservateur et travailliste britanniques pour négocier une sortie de crise et éviter un Brexit sans accord, a-t-elle déclaré, alors que la France semble plus hésitante sur ce report.
Tête-à-tête
Mercredi soir, Theresa May commencera par rencontrer le président du Conseil européen Donald Tusk en tête-à-tête vers 17h30. Après l'intervention de la Première ministre britannique en début de sommet, les 27 se retrouveront entre eux pour décider. De source diplomatique, le projet de conclusions du sommet ne mentionnait pas de date.
Angela Merkel et Emmanuel Macron vont également se retrouver avant le sommet pour trouver un compromis sur le délai à accorder au Royaume-Uni.
Quelle que soit la décision des 27 sur le report, elle ne doit pas être influencée par des sentiments négatifs, avertit Donald Tusk. Mais mercredi soir à Bruxelles, c'est une certitude: les dents vont grincer.
gma avec Guillaume Meyer et afp