L'Australien de 47 ans a été arrêté en vertu d'un mandat de juin 2012 délivré par la justice britannique, pour non présentation au tribunal, et d'une "demande d'extradition américaine", selon la police britannique.
Julian Assange a été placé en garde à vue puis il a été présenté jeudi en début d'après-midi devant le tribunal de Westminster, où il a été reconnu coupable d'avoir violé les conditions de sa liberté provisoire. Ce délit est passible d'un an de prison.
>> Lire aussi : "Je suis choqué. Assange n’a fait que dire la vérité", clame Dick Marty
Inculpé de "piratage informatique" aux Etats-Unis
La justice américaine a annoncé avoir inculpé le lanceur d'alertes d'association de malfaiteurs en vue de commettre un "piratage informatique". Cette peine est passible d'une peine maximum de 5 ans de prison.
Selon l'acte d'inculpation, qui était jusqu'ici sous scellé, l'Australien est accusé d'avoir aidé l'ex-analyste à obtenir un mot de passe pour accéder à des milliers de documents classés secret-défense ensuite révélés au public.
Porté hors de l'ambassade
Cheveux et barbe blanche, Julian Assange a été porté hors de la représentation diplomatique équatorienne peu après 9h GMT (11h en Suisse) par six policiers habillés en civil jusqu'à un fourgon de police.
"Près de 7 ans après être entré à l'ambassade équatorienne, je peux confirmer que Julian Assange est actuellement en garde à vue et fera face à la justice au Royaume-Uni", a tweeté le ministre britannique de l'Intérieur Sajid Javid, ajoutant "personne n'est au-dessus des lois".
"Fin illégale de l'asile politique"
WikiLeaks a réagi sur le même réseau social en accusant l'Equateur d'avoir "illégalement mis fin à l'asile politique d'Assange, en violation du droit international" et avoir "invité" la police britannique dans l'enceinte de l'ambassade.
De son côté, Moscou a rapidement réagi en accusant Londres d'"étrangler la liberté".
Le président équatorien a défendu sur Twitter le retrait du statut d'asile à Julian Assange, une décision présentée comme "souveraine" et prise "après ses violations répétées des conventions internationales et des protocoles de la vie quotidienne".
Depuis octobre, Quito appliquait au fondateur australien de WikiLeaks un protocole qui régule notamment ses visites et ses communications à l'intérieur de la légation, et prévoyait aussi que son non-respect implique un retrait de l'asile.
sjaq et les agences
"Expulsé d'ici quelques heures ou jours"
Le 4 avril, le compte de WikiLeaks annonçait sur Twitter qu'une source "haut placée de l'Etat équatorien avait dit à WikiLeaks que Julian Assange allait être expulsé 'd'ici quelques heures ou jours' en utilisant comme prétexte le scandale offshore des #INApapers – et a déjà un accord avec la Grande-Bretagne pour son arrestation".
BREAKING: A high level source within the Ecuadorian state has told @WikiLeaks that Julian Assange will be expelled within "hours to days" using the #INAPapers offshore scandal as a pretext--and that it already has an agreement with the UK for his arrest.https://t.co/adnJph79wq
— WikiLeaks (@wikileaks) 4 avril 2019
Les #INApapers concernent Lenin Moreno, le président équatorien, sa famille et son cercle d'amis, selon TeleSUR.
Le chef d'Etat est visé par une investigation en matière de corruption: la mesure a été votée par l'assemblée nationale équatorienne. Une enquête du journal en ligne La Fuente démontre un lien présumé entre le président, ses proches, et la compagnie offshore INA investment Corp.
Réfugié depuis 2012 dans l'ambassade
Julian Assange s'est réfugié dans l'ambassade en 2012 pour éviter d'être extradé vers la Suède, où il était accusé de viol, un dossier depuis classé.
L'Australien de 47 ans, naturalisé équatorien en 2017, était sous le coup d'un mandat d'arrêt britannique pour violation de ses conditions de liberté surveillée. Ses soutiens redoutent avec cette arrestation qu'il soit extradé vers les Etats-Unis pour la publication en 2010 sur son site de milliers de documents confidentiels du département d'Etat et du Pentagone.
Julian Assange a fondé en 2006 WikiLeaks, qui s'est fait connaître du grand public trois ans plus tard avec la publication de centaines de milliers de messages de bipeurs envoyés aux Etats-Unis le 11 septembre 2001.