L'ancien procureur général tessinois dénonce les pressions de "l'empire" américain sur les Etats impliqués dans cette affaire et les méthodes de la justice américaine.
"Moi-même, j'évite pour l'instant de voyager aux Etats-Unis, révèle-t-il. Ils pourraient m'interroger sur les sources de mes rapports et me retenir, car je ne pourrais évidemment pas les dévoiler."
"Il faut être réaliste, ce n'est pas un système dans lequel, si vous êtes un cas de sécurité nationale, vous pouvez espérez de la justice", estimait lui-même Julian Assange en parlant des Etats-Unis dans un entretien à la RTS en 2015.
"Une honte pour l'UE dans son ensemble"
Réagissant pour sa part dans l'émission Forum, le conseiller juridique de Julian Assange parle d'un "grand sentiment de honte pour l'Union européenne dans son ensemble et pour le Royaume-Uni en particulier." Juan Branco rappelle que le groupe de travail de l'ONU avait qualifié cette détention - pour avoir révélé des informations vérifiées et justes - d'arbitraire.
"Evidemment, Les Etats-Unis ne veulent pas ouvrir la brèche de poursuivre directement un journaliste pour avoir fait son travail, donc ils tentent d'inventer un prétexte qui serait celui d'un pseudo-piratage informatique", poursuit-t-il. "Mais on sait bien que l'objectif est de faire taire quelqu'un qui a révélé des crimes commis massivement en Irak et en Afghanistan par l'armée américaine."
"Le corps d'Assange comme monnaie d'échange"
Si l'arrestation a eu lieu maintenant, analyse Juan Branco, "c'est parce qu'il a fallu qu'un nouveau président arrive [en Equateur], Lenin Moreno, qu'il réajuste la politique étrangère en faveur des Etats-Unis, avec en retour une série d'accords militaires et commerciaux et qu'il utilise comme monnaie d'échange le corps de Julian Assange."
L'Australien de 47 ans a été arrêté jeudi en vertu d'un mandat de juin 2012 délivré par la justice britannique, pour non présentation au tribunal, et d'une "demande d'extradition américaine", selon la police britannique.
Julian Assange s'est réfugié dans l'ambassade en 2012 pour éviter d'être extradé vers la Suède, où il était accusé de viol, un dossier depuis classé. L'Australien de 47 ans a fondé en 2006 WikiLeaks, qui s'est fait connaître du grand public trois ans plus tard avec la publication de centaines de milliers de messages de bipeurs envoyés aux Etats-Unis le 11 septembre 2001.
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RTSinfo