"Comme Saakachvili a refusé de démissionner, l'opposition a
décidé de lancer une campagne de désobéissance civile", a déclaré
Kakha Koukava, l'un des leaders de l'opposition devant une foule de
25'000 manifestants réunis dans le centre de Tbilissi.
Les manifestants ont bloqué temporairement trois rues,
paralysant la circulation, et se sont dirigés vers la présidence,
en scandant "démission". Les responsables de l'opposition ont
appelé les manifestants à poursuivre le blocage des avenues chaque
jour de 15h00 à 21h00 ainsi que les rassemblements jusqu'à ce que
Mikheïl Saakachvili démissionne.
Appels pressants à la démission
La veille, plus de 50'000 personnes lui avaient donné 24 heures
pour répondre à leurs revendications. "J'entends des ultimatums
chaque mois ces cinq dernières années (...) Mon mandat expire en
2013", a auparavant lancé Mikheïl Saakachvili devant la
presse.
"Le président doit démissionner, il est impossible de dialoguer
avec lui. Il doit démissionner parce qu'il est responsable de la
perte de nos territoires, il ne s'intéresse pas au peuple et il n'y
a pas de justice en Géorgie", a déclaré à l'AFP l'une des
manifestantes, Gouka Kvantaliani, 65 ans. "Les gens vivent dans la
pauvreté c'est pourquoi le président doit démissionner", a dit
Elisabed Phartskhava, 80 ans.
Pour ces manifestants, le président est responsable des
conséquences de la guerre avec la Russie en août 2008, qui a abouti
à la reconnaissance par Moscou de l'indépendance de deux régions
séparatistes géorgiennes. Le mécontentement contre le président
Saakachvili ne cesse de croître depuis la guerre éclair avec la
Russie pour le contrôle de l'Ossétie du Sud.
Saakachvili prêt au dialogue
Mikheïl Saakachvili a dit qu'il était prêt à un "dialogue pour
améliorer la démocratie" sur plusieurs dossiers, y compris la
réforme électorale et des changements constitutionnels pour
introduire l'élection directe des maires.
Des responsables de l'opposition ont rejeté cette offre. "Le seul
sujet dont nous pouvons discuter avec Saakachvili est sa
démission", a déclaré l'ex-ministre géorgienne des Affaires
étrangères Salomé Zourabichvili. "Nous sommes ouverts à un dialogue
transparent sur les modalités de la démission de Saakachvili",
a-t-elle dit.
En revanche, un autre dirigeant de l'opposition, Irakli Alasania,
ancien ambassadeur à l'ONU, s'est déclaré prêt à un dialogue à
condition qu'il se déroule "dans la transparence". Les autorités
comme les opposants ont exclu la répétition des violences qu'avait
connues la Géorgie en 2007 lorsqu'une manifestation
anti-Saakachvili avait été dispersée avec des balles de caoutchouc
et du gaz lacrymogène et un état d'urgence instauré.
afp/hof
Saakachvili accusé de museler la presse
Les détracteurs de Mikheïl Saakachvili, dont plusieurs anciens alliés, l'accusent également de persécuter des opposants, museler les médias et de ne rien faire contre la pauvreté.
L'opposition est toutefois profondément divisée, ce qui réduit ses chances d'obtenir le départ du président, élu pour un deuxième mandat en janvier 2008 après avoir été porté au pouvoir par la "Révolution de la rose", démocratique et pro-occidentale, fin 2003, dans cette ex-république soviétique du Caucase.