Après quelques heures de rebondissements et de confusion, le
ministère de l'Intérieur a annoncé que la mutinerie qui avait
éclaté dans la base de blindés de Moukhrovani, à quelque 30 km de
la capitale et apparemment seul foyer de troubles, était
"terminée".
Elle s'est achevée sans violence par la reddition de la plupart
des rebelles, après des négociations, a-t-il précisé. Leur nombre
et leurs revendications n'ont pas été précisées. "La situation est
sous contrôle. Le calme et l'ordre règnent dans toutes les autres
unités militaires", a assuré le président Mikhaïl Saakachvili à la
télévision.
"Le plan était d'organiser une mutinerie de grande ampleur à
Tbilissi et d'agir contre la souveraineté de la Géorgie et contre
l'intégration européenne et euro-atlantique du gouvernement
géorgien", a encore affirmé le président géorgien. Selon les
autorités géorgiennes, les conspirateurs auraient aussi projeté
d'assassiner le président.
Sur fond de tensions
Cet épisode intervient dans un contexte déjà très tendu, alors
que la Géorgie doit accueillir à partir de mercredi des exercices
militaires de l'Alliance atlantique. La Russie exige leur
annulation, arguant qu'ils enfreignent les principes du
cessez-le-feu conclu après la guerre d'août 2008.
La Géorgie se trouve en outre dans une période d'instabilité
politique. L'opposition manifeste depuis près d'un mois à Tbilissi
pour obtenir la démission de Mikhaïl Saakachvili, accusé de dérive
autoritaire et d'avoir mal géré le conflit avec la Russie. Les
autorités géorgiennes ont à plusieurs reprises laissé entendre que
leurs opposants politiques étaient discrètement soutenus par
Moscou.
Le Kremlin pointé du doigt
Mikhaïl Saakachvili n'a pas accusé directement la Russie des
événements de mardi, mais a demandé au "voisin du nord d'éviter les
provocations", alors que les relations entre les deux pays
demeurent glaciales depuis le conflit de l'an dernier.
Un porte-parole du ministère de l'Intérieur, Chota Outiachvili,
s'est montré beaucoup plus direct: "Nous disposons d'informations
selon lesquelles les rebelles étaient en contact direct avec les
Russes, qu'ils recevaient des ordres de leur part et qu'ils
recevaient de l'argent de leur part", a-t-il déclaré à des
journalistes.
"Le plan était coordonné par la Russie pour au minimum perturber
les exercices militaires de l'Otan et au maximum pour organiser une
rébellion militaire de grande ampleur en Géorgie", a-t-il
ajouté.
Moscou réplique sèchement
A Moscou, le Kremlin et le ministère des Affaires étrangères ont
vivement rejeté ces accusations. Elles témoignent "d'une
imagination malade et du comportement irresponsable de la direction
géorgienne", a ainsi déclaré le vice-ministre des Affaires
étrangères, Grigori Karassine. Une source au Kremlin, citée par
l'agence Interfax, a pour sa part recommandé à Mikhaïl Saakachvili
de se rendre "chez le médecin".
La Géorgie n'est pas le seul point de contentieux entre la Russie
et l'Otan: le réchauffement amorcé il y a quelques semaines
paraissait mardi de plus en plus compromis, avec l'annulation par
le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov de sa participation à
une réunion du Conseil Otan-Russie prévue fin mai, sur fond de
conflit autour du sort de deux diplomates russes que l'Otan entend
expulser de Bruxelles (lire ci-contre).
afp/jeh
Otan-Russie: toujours de l'eau dans le gaz
Le secrétaire général de l'Otan a dit mardi "regretter la décision" de la Russie d'annuler la participation de son chef de la diplomatie à une réunion du Conseil Otan-Russie prévue fin mai, a indiqué sa porte-parole.
La réunion du Conseil Otan-Russie au niveau ministériel, qui devait se tenir à une date encore non fixée durant la seconde quinzaine de mai, aurait parachevé le rapprochement entre Moscou et l'alliance militaire occidentale, huit mois après le bref conflit russo-géorgien ayant sérieusement mis à mal leurs relations.
L'ambassadeur russe auprès de l'Otan Dmitri Rogozine a annoncé aux agences de presse russes que le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov n'irait pas à la réunion du Conseil Russie-Otan en mai, en représailles à l'expulsion la semaine dernière par l'alliance de deux diplomates russes.
Il a fait cette annonce à la veille du début d'exercices de l'Otan en Géorgie que Moscou a qualifiés de "provocation".
L'expulsion de diplomates russes a été elle-même décidée par l'Otan en rétorsion à une affaire d'espionnage au profit de la Russie par un haut fonctionnaire de la Défense estonienne, Herman Simm, condamné en février à 12 ans de prison pour avoir livré à Moscou des milliers de documents confidentiels, notamment sur l'Otan.