Quelque 3000 habitants du village de Phum Saron ont érigé des
barricades pour empêcher 5000 «chemises jaunes» de l'Alliance du
peuple pour la démocratie (PAD, royalistes) d'accéder au temple de
Preah Vihear, dans une zone disputée par la Thaïlande et le
Cambodge.
Les nationalistes exigent que le gouvernement thaïlandais s'empare
du territoire disputé. Mais les autorités ne veulent pas provoquer
de nouvelles tensions avec Phnom Penh. En avril, des échanges
nourris de tirs entre les deux armées avaient fait deux morts et
dix blessés.
Un accord
Des dizaines de villageois ont été blessés dans des
affrontements avec 200 membres des PAD, a précisé un militaire
joint sur place l'AFP. Un homme a ainsi reçu une balle dans le
cou.
A la nuit tombée, un accord a pu mettre fin à la manifestation,
selon lequel 30 manifestants liraient dimanche une déclaration à
proximité du temple.
Les tensions entre les deux pays ont éclaté en juillet 2008
lorsque ce temple, des ruines du XIe siècle qui relèvent de la
souveraineté du Cambodge mais sont revendiquées par la Thaïlande, a
été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.
«Chemises rouges» à Bangkok
Samedi également, dans la capitale Bangkok, entre 15'000 et
26'000 «chemises rouges», partisanes de l'ex-Premier ministre
thaïlandais Thaksin Shinawatra, ont manifesté dans le centre de la
ville pour commémorer le 3e anniversaire du coup d'Etat contre leur
leader, aujourd'hui en exil. La police attendait 20'000 à 30'000
manifestants. La participation semblait augmenter en soirée.
Plus de 6000 policiers étaient déployés pour éviter que la
manifestation ne dégénère. En avril dernier, des émeutes avaient
éclaté qui avaient fait au moins deux morts et des centaines de
blessés.
Provocation de Thaksin
Thaksin, qui vit en exil,
s'est adressé à la foule par vidéo. «Je veux demander aux gens qui
me détestent et à ceux qui m'aiment de regarder les trois années
écoulées et de me dire s'ils ont vu quoi que ce soit s'améliorer»,
a lancé l'ancien Premier ministre. «Le pays n'a-t-il pas assez
souffert?»
Thaksin, qui réclame des élections, a une nouvelle fois appelé à
la réconciliation nationale, demandant aux forces politiques "de se
tourner les unes vers les autres" pour éviter que le pays ne sombre
dans l'échec.
Le coup d'Etat du 19 septembre 2006 a plongé la Thaïlande dans une
crise politique sans fond, chaque camp tentant dans la rue de
renverser le gouvernement issu de la coalition adverse
(lire ci-contre)
. Le Premier ministre Abhisit
Vejjajiva doit quitter le pays dimanche pour assister à l'Assemblée
générale des Nations unies, une situation qui rappelle celle de
Thaksin en 2006, renversé par un coup d'Etat militaire alors qu'il
était précisément à l'ONU.
agences/bri
Trois ans de profonde crise politique
Le 19 septembre 2006, Thaksin Shinawatra, accusé d'abus de pouvoir, de corruption et de manquer de respect au roi, avait été renversé par un putsch sans effusion de sang.
Depuis, la Thaïlande se débat dans une profonde crise politique.
Les alliés de Thaksin sont revenus au pouvoir via les urnes, puis ses opposants se sont emparés du siège du gouvernement et des aéroports du pays pendant de longues semaines d'émeutes et de violences, la justice provoquant de son côté le limogeage de deux nouveaux chefs de gouvernement pro-Thaksin.
Aujourd'hui, les manifestants veulent la démission de l'actuel Premier ministre, rival de Thaksin, Abhisit Vejjajiva, lui reprochant d'avoir été installé au pouvoir par l'armée, les royalistes et par les élites politiques et économiques.
Thaksin reste populaire au sein des couches populaires et rurales du pays.