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Joko Widodo en passe d'être réélu à la présidence de l'Indonésie

190 millions d'Indonésiens sont appelés aux urnes. C'est la plus grande élection jamais organisée dans l'archipel.
190 millions d'Indonésiens sont appelés aux urnes. C'est la plus grande élection jamais organisée dans l'archipel. / 12h45 / 1 min. / le 17 avril 2019
Plus de 190 millions d'Indonésiens étaient appelés aux urnes mercredi pour des élections présidentielle et parlementaires. Le chef de l'Etat sortant Joko Widodo est donné gagnant par les instituts de sondage.

Les derniers bureaux de vote ont fermé à 8h00 du matin, heure suisse. Selon les premières estimations de trois instituts de sondage publiées une heure après, le président sortant Joko Widodo est donné gagnant avec au moins 55% des voix contre 44% environ à son adversaire, l'ex-général Prabowo Subianto.

Les électeurs devaient choisir entre ces deux candidats à la présidentielle, mais aussi entre 245'000 candidats qui se présentaient pour un siège aux parlements national et locaux dans le vaste archipel de 17'000 îles. C'est la première fois que l'Indonésie tenait le même jour des élections à ces trois niveaux.

Plus grande population musulmane au monde

Les défis logistiques ont été nombreux dans cet Etat qui s'étend sur 4800 kilomètres de l'extrémité ouest de l'île de Sumatra, en passant par Java ou Bali, jusqu'à la Papouasie à l'ouest.

Il s'agissait de la plus grande élection jamais organisée dans la troisième plus grande démocratie de la planète. Elle constituait un test pour la solidité du pays, qui compte la plus importante population musulmane au monde.

"Remake" de 2014 pour la présidentielle

L'élection présidentielle opposait le chef de l'Etat sortant Joko Widodo, homme du peuple qui cultive le consensus, à un ancien général au passé controversé, Prabowo Subianto, qui veut diriger le pays avec plus de poigne.

Avec les deux mêmes candidats en lice, cette élection apparaissait comme un match retour du scrutin de 2014 qui avait été remporté de justesse par Joko Widodo.

Les Indonésiens désignaient également mercredi les 575 députés de la chambre basse du Parlement. Ils devaient également élire un total de 24'000 représentants dans les parlements régionaux et locaux.

>> Le regard d'Alain Franco sur la campagne des deux candidats à la présidentielle :

Le président indonésien sortant Joko Widodo en meeting à Jakarta, 13.04.2019. [AP/Keystone - Achmad Ibrahim]AP/Keystone - Achmad Ibrahim
C'est arrivé loin de chez vous - L'Indonésie vote en musique / C'est arrivé loin de chez vous / 3 min. / le 16 avril 2019

afp/oang

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Le président sortant Joko Widodo

La victoire de Joko Widodo, surnommé Jokowi, il y a cinq ans avait couronné l'ascension au pouvoir d'un outsider dans un paysage politique jusque-là monopolisé par de grandes familles et l'élite issue de la dictature de Suharto.

L'homme politique de 57 ans, qui a grandi dans une cabane de bambou, avait séduit les électeurs avec ses façons modestes dans un pays miné par la corruption.

Tout au long de son mandat, ce fan de heavy metal a cultivé sa popularité en se rendant sur le terrain et en menant une politique de redistribution et de développement des infrastructures.

Au pouvoir, il a encouragé un boom des infrastructures avec la construction de routes, d'aéroports et de liaisons ferroviaires dans l'archipel. Il a aussi renforcé la couverture sanitaire et sociale de la population et fourni une aide aux agriculteurs les plus pauvres.

Mais son bilan sur les droits de l'homme n'a pas été à la hauteur des espoirs suscités par celui qui qui était présenté comme l'"Obama indonésien" pour ses origines modestes et une certaine ressemblance physique.

L'opposant Prabowo Subianto

Prabowo Subianto, 67 ans, avait perdu de justesse la présidentielle il y a cinq ans face à Joko Widodo.

Issu d'une famille aisée, il était devenu général dont les agissements sous le règne du dictateur Suharto (1967-1998) restent controversés. Il avait reconnu par la suite avoir ordonné l'enlèvement de militants pro-démocratie. Les ONG l'accusent aussi d'avoir commis des violations des droits de l'homme au Timor oriental, lors de la lutte de cette région pour l'indépendance, durement réprimée par les forces spéciales dont il était le commandant.

Prabowo Subianto a ensuite quitté l'armée et s'est exilé pendant quelques années en Jordanie avant de devenir un homme d'affaires fortuné, puis de revenir en politique en 2009.

Pour cette dernière élection, l'ex-militaire s'est rapproché des groupes islamistes parmi les plus radicaux et a donné des gages à l'électorat le plus conservateur au risque de s'aliéner les minorités religieuses.

Il a aussi joué sur la fibre nationaliste et populiste en dénonçant les investissements chinois dans le pays et l'appropriation des richesses du pays par une élite économique.