L'ancien directeur de l'entreprise de fabrication de viandes Spanghero Jacques Poujol a été condamné à deux ans de prison, dont 6 mois ferme. Le négociant néerlandais Johannès Fasen écope lui de la peine la plus lourde, avec deux ans ferme. Ils ont été condamnés essentiellement pour tromperie et non pour escroquerie en bande organisée, l'un des chefs qui avaient été retenus contre eux au terme de l'instruction. Ils devront également verser plusieurs dizaines de milliers d'euros aux parties civiles.
Six ans après le scandale, ils étaient jugés avec deux autres prévenus dans le principal volet du scandale de la viande de cheval vendue pour du boeuf. Le tribunal correctionnel de Paris leur a notamment reproché d'avoir vendu entre 2012 et 2013, dans une entente frauduleuse, plus de 500 tonnes de viande de cheval en la faisant passer pour du boeuf au fabricant de plats préparés Tavola.
C'est pas moi, c'est lui
L'ex-directeur du site de Castelnaudary (F) où la viande était conditionnée et un autre négociant néerlandais ont quant à eux écopé de peines d'un an de prison avec sursis.
Le ministère public avait requis quatre ans de prison contre Johannès Fasen, déjà condamné aux Pays-Bas dans une affaire similaire, trois ans dont deux avec sursis contre Jacques Poujol, deux ans avec sursis contre l'ex-directeur du site de Castelnaudary et 18 mois avec sursis contre l'autre négociant néerlandais.
Les deux principaux prévenus ont contesté les faits qui leur sont reprochés et se sont rejeté mutuellement la responsabilité de la fraude. Ainsi, Jacques Poujol affirmait qu'il ne savait pas que le trader néerlandais lui vendait de la viande de cheval à la place de la viande de boeuf, tandis que Johannès Fasen prétendait avoir vendu de la viande de cheval à Jacques Poujol parce que celui-ci lui en commandait expressément.
Etiquettes remplacées
Tout était parti de la découverte en Irlande, en janvier 2013, de viande de cheval dans des steaks hachés "pur boeuf" vendus dans des supermarchés. La société Findus avait par la suite écoulé, elle aussi, cette viande chevaline dans des lasagnes fabriquées par Tavola, filiale luxembourgeoise du groupe spécialisé dans les plats congelés Comigel.
L'enquête a montré que la viande utilisée dans ces lasagnes venait de l'entreprise française Spanghero. Elle même s'approvisionnait auprès d'abattoirs roumains, par l'intermédiaire des sociétés des négociants néerlandais impliqués dans l'affaire.
Les enquêteurs ont établi que Spanghero, avant de revendre cette viande de cheval, avait remplacé les étiquettes roumaines par un numéro sanitaire français et une mention indiquant qu'il s'agissait de viande bovine, nettement plus coûteuse.
Douze pays touchés, dont la Suisse
Selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes française, l'arnaque aurait porté sur plus 750 tonnes de viande de cheval, dont près de 540 tonnes revendues à Tavola et plus de 200 tonnes utilisées par Spanghero, notamment pour fabriquer des merguez congelées.
Au total, cette viande de cheval s'est retrouvée dans 4,5 millions de plats cuisinés et a été vendue dans plus d'une douzaine de pays européens, y compris la Suisse, où des lasagnes du fournisseur Comigel avaient dû être retirées des rayons des magasins Coop.
>> Lire notre article consacré au volet suisse de l'affaire : De la viande de cheval retrouvée dans certaines lasagnes de la Coop