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La conférence contre le racisme aura bien lieu

La venue de Mahmoud Ahmadinejad a précipité les discussions.
La venue de Mahmoud Ahmadinejad a précipité les discussions.
Le projet de document final de la conférence de l'ONU contre le racisme (Durban II) a été adopté vendredi par consensus par les membres du comité préparatoire. Cette adoption a levé le dernier obstacle à l'ouverture de la conférence lundi à Genève.

Hantés par les attaques antisémites de la première conférence de
Durban qui avait vu en 2001 les Etats-Unis et Israël claquer la
porte, les diplomates ont fini par accoucher d'un projet de texte
qui élimine la plupart des points de discordes entre pays
occidentaux et musulmans, les deux principaux blocs en
opposition.



La venue lundi au siège des Nations unies de Genève du président
iranien Mahmoud Ahmadinejad, connu pour ses diatribes contre
Israël, a précipité les discussions, les diplomates de tout bord
craignant qu'il ne torpille un processus de discussions déjà
fragile.

«Un succès majeur»

Le nouveau texte négocié par le Russe Youri Boychenko donne
satisfaction aux Occidentaux. Il ne mentionne plus la diffamation
des religions ni le conflit israélo-palestinien, deux conditions
pour leur participation à la conférence lundi. La Haut Commissaire
de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay s'est félicitée de
l'adoption du projet de document.



«Cela n'a pas été facile. C'est un succès majeur», a dit la Haut
Commissaire, ajoutant qu'elle serait «très surprise» si le document
adopté vendredi est remis en cause la semaine prochaine. Tous les
groupes régionaux ont donné leur accord, a-t-elle souligné.



La Haut Commissaire a indiqué que le secrétaire général de l'ONU
Ban Ki-moon est en contact à New York avec le gouvernement
américain pour discuter de leur participation. «Toutes les
difficultés soulevées par les Etats-Unis ont été levées et j'espère
que les Etats-Unis pourront se joindre lundi», a déclaré Navi
Pillay.

Regrets de Cuba

Lors du débat, Cuba a regretté au nom des pays non-alignés «les
sacrifices faits sur plusieurs sujets» et que la réunion
préparatoire ne soit pas parvenue à «une déclaration plus
ambitieuse».



«Cuba regrette l'atmosphère négative et les menaces de boycott» de
la conférence, a déclaré le représentant de La Havane. Le Pakistan,
au nom de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), a parlé
également de «sacrifices importants» acceptés par son groupe dans
le but de parvenir à l'élimination de la discrimination
raciale.

Les regards braqués sur Ahmadinejad

Un consensus trouvé, tous retiennent désormais leur souffle pour
que la présence du président iranien ne vienne pas remettre en
cause un équilibre obtenu de haute lutte. "L'objectif de l'Iran est
de faire peur pour occuper le terrain", a commenté sous couvert de
l'anonymat un diplomate arabe proche des négociations.



Pour l'ancien ministre français de la Justice Robert Badinter, il
ne faut pas perdre de vue que M.Ahmadinejad "est en campagne",
l'élection présidentielle iranienne devant avoir lieu le 12 juin.
"Le président iranien ne vient pas pour torpiller le processus mais
surtout pour profiter d'une tribune internationale", explique pour
sa part le directeur de l'ONG Monitor (pro-israélienne) Gerald
Steinberg.



Quelque 3790 délégués se sont accrédités pour la conférence et 103
pays ont confirmé leur présence, dont 32 ministres et quatre chefs
d'Etat. Plus de 2500 délégués d'ONG sont enregistrés pour assister
à la réunion.



ats/afp/bri

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ONG satisfaites

Le projet de document final, dans son état actuel, est satisfaisant, ont affirmé de leur côté Human Rights Watch (HRW) et la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH). Les deux ONG ont invité tous les Etats à participer à la conférence.

«Si le compromis est confirmé la semaine prochaine, la conférence aboutira à un résultat positif pour les victimes du racisme», a déclaré Julie de Rivero, directrice de HRW à Genève. «Nous venons de très loin, mais il y a eu une nette évolution», a-t-elle dit.

«Le projet de document est pleinement satisfaisant. Sur la base de ce texte, nous pouvons affirmer que la conférence de Genève ne sera pas antisémite», a estimé à ses côtés le directeur de la FIDH Antoine Madelin. Selon eux, la question de la diffamation des religions a été réglée à la satisfaction des Occidentaux. La dernière mouture du texte n'évoque plus que «les stéréotypes négatifs des individus», et non plus «des religions».

Selon les deux responsables, «l'Iran est isolé» dans ses tentatives de remettre en cause le consensus. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, en venant à Genève lundi, ne pourra que constater qu'il a «perdu la bataille», a déclaré Antoine Madelin.

Merz rencontrera Ahmadinejad

Le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz rencontrera le président iranien Mahmoud Ahmadenijad dimanche soir, après son arrivée à l'aéroport de Genève, prévue vers 17h00.

«Il s'agira d'une réunion de travail», a précisé a porte-parole du président, Delphine Jaccard. Un communiqué sur le contenu des entretiens sera publié à l'issue de la rencontre.