Jurdan Martitegi, 28 ans, présenté par la police espagnole comme
le "principal responsable de l'appareil militaire de l'ETA" a été
arrêté dans les Pyrénées-Orientales (sud-ouest) avec huit autres
membres présumés de l'organisation (dont six au Pays Basque
espagnol).
Son arrestation est le troisième coup dur pour la direction
militaire du groupe en cinq mois. Le jeune et emblématique chef
militaire de l'ETA, Garikoïtz Aspiazu Rubina, alias "Txeroki", a
été arrêté en novembre, également dans le sud-ouest de la France.
Trois semaines après un de ses lieutenant, "Gurbitz", tombait à son
tour.
"En finir avec l'ETA"
Le chef de gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a
salué dimanche ce nouveau coup de filet anti-ETA. "Nous allons en
finir avec l'ETA. Je peux vous assurer qu'on va en finir avec cette
plaie historique" qu'est la violence de l'ETA, a lancé José Luis
Rodriguez Zapatero lors d'un meeting organisé à Valladolid pour
célébrer le 30e anniversaire des premières élections municipales
après la fin de la dictature de Franco (1939-75).
Depuis l'échec d'une tentative de négociations avec le
gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero en 2006/2007 et la
rupture d'un cessez-le-feu permanent en juin 2007, l'organisation
armée s'est radicalisée, multipliant les attentats (une trentaine)
et tuant six Espagnols.
Mais parallèlement l'étau de la justice espagnole s'est resserré
sur l'entourage politique du groupe tandis que les polices
espagnole et française (l'ETA a sa base arrière en France)
multipliaient les arrestations. Sa direction est désormais assurée
par des jeunes radicaux issus de la "kale borroka", un mouvement de
violence urbaine basque.
Une nouvelle direction modérée?
Ces arrestations pourraient avoir pour but de faciliter
l'émergence au sein de l'ETA d'une direction plus favorable au
dialogue, avance Alberto Surio, spécialiste des affaires basques
pour le quotidien basque Diario Vasco.
Le journal espagnol El Pais affirme dimanche que le dirigeant
historique de l'ETA, José Antonio Urrutikoetxea, alias "Josu
Ternera", plutôt favorable au dialogue avec Madrid, est revenu
récemment à la tête de l'organisation séparatiste. Ternera,
considéré comme le principal chef politique de l'ETA jusqu'à la fin
du processus de paix avorté de 2006, serait revenu en binôme avec
Arnaldo Otegi, ex-dirigeant de Batasuna, bras politique interdit de
l'ETA, lui aussi considéré comme homme de paix.
Le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba a
confirmé dimanche qu'il existait "actuellement au sein de l'ETA et
dans son entourage une discussion sur l'abandon ou non de la lutte
armée" et que "certains parlaient d'un nouveau processus de
dialogue". Mais ce processus appartient "au passé" et l'ETA devra
de gré ou de force abandonner les armes, a-t-il martelé, confirmant
le refus du gouvernement socialiste d'engager un nouveau dialogue
après l'échec de 2006.
afp/sbo
Attentat en préparation déjoué
Le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, a assuré dimanche que le coup de filet réalisé en France et en Espagne avait permis de déjouer un attentat en préparation au Pays Basque espagnol (nord).
Il a précisé lors d'une conférence de presse à Madrid que Jurdan Martitegi avait pu être arrêté samedi dans le sud-ouest de la France grâce à la filature du responsable d'un commando de l'ETA depuis Vitoria, capitale administrative du Pays Basque (nord).
Ce responsable, Alexander Uriarte, arrêté avec Martitegi à Montauriol, dans les Pyrénées-Orientales, était allé prendre des "instructions" auprès de ce dernier avant "d'agir" et de commettre un "attentat", a ajouté Alfredo Perez Rubalcaba, sans donner plus de précisions.
Quarante ans d'actions violentes
L'ETA (Euskadi Ta Askatasuna, "Patrie basque et Liberté" en langue basque) figure depuis 2001 sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne et des Etats-Unis.
L'organisation revendique l'indépendance d'Euskal Herria, territoire comprenant la région autonome du Pays Basque espagnol, la Navarre (nord de l'Espagne) et le Pays Basque français.
Depuis son premier attentat le 7 juin 1968, elle a tué 825 personnes, essentiellement en Espagne, mais aussi en France avec deux gardes civils abattus en décembre 2007 à Capbreton (sud-ouest).
L'ETA, dont le symbole est une hache entrelacée d'un serpent, a été fondée le 31 juillet 1959 par des étudiants nationalistes d'inspiration marxiste-léniniste, qui accusaient le Parti nationaliste basque (PNV, modéré, au pouvoir au Pays basque depuis 1980) d'"immobilisme" face au franquisme.
Son émanation politique est le parti Batasuna, interdit en 2003 par la justice espagnole et qui est aujourd'hui privé de toute représentation politique et publique en Espagne.
L'Espagne et la France -pays qui constitue la base de repli traditionnel des commandos de l'ETA- collaborent depuis les années 80 contre l'ETA, après des années de récriminations espagnoles contre le "sanctuaire" français.