Otegi et les quatre autres militants indépendantistes basques
interpellés sont soupçonnés d'avoir «tenté de reconstruire la
direction de Batasuna sur instructions de l'ETA», a déclaré cette
source à l'AFP.
Le parti radical Batasuna est interdit en Espagne depuis 2003, en
raison de ses liens avec l'organisation armée ETA, dont il est
considéré comme le bras politique.
Des réunions secrètes
Les policiers sont intervenus à l'issue d'une réunion secrète de
ces six personnes au siège du syndicat LAB, selon les médias
espagnols dont certains font état d'une sixième arrestation.
Selon des sources de la lutte antiterroriste citées par l'agence
Europa Press, ce groupe de militants avait l'habitude de se réunir
secrètement depuis le début de l'année au siège du LAB, en prenant
d'importantes précautions pour ne pas attirer l'attention.
Parmi les personnes interpellées se trouve le secrétaire général
du syndicat indépendantiste LAB, Rafael Diez Usabiaga, une des
figures historiques de la mouvance indépendantiste, a-t-on précisé
de même source.
Les autres militants arrêtés sont Rufino Etxeberria, Sonia
Jacinto, Miren Zabaleta, fille du leader du parti indépendantiste
non-violent Aralar, Patxi Zabaleta.
Des voyages en France
Arnaldo Otegi aurait en outre effectué plusieurs voyages ces
derniers mois dans le sud de la France, traditionnelle base arrière
de l'ETA, changeant à chaque fois de véhicule à plusieurs reprises,
selon ces sources, qui le soupçonnent d'y avoir rencontré des
dirigeants de l'organisation clandestine.
La justice avait interdit en août à Otegi de se rendre en France,
où il avait demandé à aller en «vacances», le soupçonnant de
vouloir y oeuvrer à la création d'un nouveau bras politique de
l'ETA.
ats/sbo
Déjà incarcéré entre 2007 et 2008
Arnaldo Otegi a été l'un des principaux artisans du processus de négociations avorté de 2006-2007 entre le gouvernement espagnol et l'ETA, organisation tenue pour responsable de 828 morts en 41 ans de violences pour l'indépendance du Pays Basque.
Il avait été incarcéré en juin 2007, juste après la rupture officielle de cette trêve par l'ETA, en vertu d'une condamnation à 15 mois de prison pour apologie du terrorisme, et libéré fin août 2008.
Après un long silence, le porte-parole emblématique de Batasuna était revenu timidement depuis janvier sur le devant de la scène, prônant la création d'un pôle souverainiste regroupant plusieurs formations basques, à l'exception du puissant Parti nationaliste basque (PNV, centre-droit).
Pas de parti indépendantiste, même non violent
Le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, avait averti quelques jours avant l'arrestation que Batasuna ou tout autre parti prête-nom ne serait jamais légalisé tant qu'existerait le groupe armé ETA, même s'il se démarquait explicitement de la violence.
Le ministre avait confié avoir «plus que l'impression» que Batasuna préparait pour cet automne la création d'un nouveau parti indépendantiste se démarquant de la violence de l'ETA, dans le but de pouvoir participer aux élections municipales basques de 2011.
L'opération ordonnée par le juge Garzon illustre une nouvelle fois la pression constante exercée par Madrid contre la mouvance indépendantiste et l'ETA depuis la rupture de son dernier «cessez-le-feu permanent», qui s'est traduite par des dizaines d'arrestations.