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Discours d'Ahmadinejad: colère européenne

Lundi, le discours du président iranien a fait scandale à Genève.
Le président iranien a provoqué le départ des délégations européennes.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a provoqué lundi un tollé général lors de la première journée de la Conférence de l'ONU sur le racisme à Genève, en se lançant dans une violente diatribe contre Israël qui a conduit les pays européens présents à quitter la salle.

Ignorant l'appel personnel du secrétaire général de l'ONU Ban
Ki-moon à ne pas assimiler le sionisme à du racisme, Mahmoud
Ahmadinejad a profité de l'audience pour critiquer la création
d'Israël qui a privé "de terres une nation entière sous le prétexte
de la souffrance juive".



Il a accusé les Alliés, après la Seconde Guerre mondiale, d'avoir
"envoyé des migrants d'Europe, des Etats-Unis et du monde de
l'Holocauste pour établir un gouvernement raciste en Palestine
occupée". "Des efforts doivent être fait pour mettre un terme aux
abus des Sionistes et de (leurs) partisans", a insisté le président
iranien, provoquant le départ de la salle du siège de l'ONU des 23
représentants de l'Union européenne présents. Les Européens avaient
prévenu de leur intention de quitter la salle si Mahmoud
Ahmadinejad dérapait avec des "accusations antisémites".



L'intervention du président iranien, qui a duré plus de 30 minutes
au lieu de sept prévu, a également été perturbée par les cris de
plusieurs manifestants affublés de perruques multicolores et de nez
rouge, qui l'ont traité de "raciste" avant d'être expulsés par les
gardes de l'ONU.



Cette action a été revendiquée par l'Union des étudiants juifs de
France (UEJF), qui a qualifié de "mascarade" cette conférence
censée assurer le suivi de celle organisée à Durban en 2001.

Des condamnations unanimes

Déçue par la tournure prise par la
journée, l'ONU a vivement critiqué les déclarations du président
Ahmadinejad. "Je déplore l'utilisation de cette plate-forme par le
président iranien pour mettre en accusation, diviser et même
provoquer", a déclaré Ban Ki-moon. "C'est profondément regrettable
que mon plaidoyer pour regarder vers un avenir d'unité n'ait pas
été écouté par le président iranien", a-t-il ajouté.



L'ambassadeur américain adjoint à l'ONU, Alejandro Wolff, a
qualifié lundi de "honteux", "exécrables" et "haineux" les propos
de Mahmoud Ahmadinejad. La secrétaire d'Etat américaine Hillary
Clinton a toutefois ajouté que Washington restait ouvert au
dialogue avec l'Iran.



La République tchèque, qui assure la présidence tournante de
l'Union européenne au premier semestre 2009, a décidé de se retirer
"définitivement" de la conférence en réaction aux déclarations de
Mahmoud Ahmadinejad, a annoncé à Prague le ministère tchèque des
Affaires étrangères.

"Appel intolérable"

Le président français Nicolas Sarkozy a appelé lundi l'Union
européenne à faire preuve d'une "extrême fermeté" après le discours
du président iranien, qu'il a qualifié d'"appel intolérable à la
haine raciste". La Grande-Bretagne a elle "condamné sans réserve"
ces propos "incendiaires", a déclaré un porte-parole du Premier
ministre Gordon Brown.



La crainte de dérapages antisémites rééditant le scénario de la
conférence de 2001 à Durban (Afrique du Sud), avait justifié la
défection à Genève de plusieurs pays occidentaux dont l'Allemagne,
l'Italie, les Pays-Bas et la Pologne. A Durban, les attaques contre
Israël avaient provoqué le départ fracassant des Américains et
Israéliens.



Cette fois, les Etats-Unis et Israël ont d'emblée refusé de
participer. L'Etat hébreu a également montré son mécontentement à la Suisse après la rencontre du
président de la Confédération Hans-Rudolf Merz avec son homologue
iranien.



Révélant une nouvelle fois des divisions européennes, la France et
la Grande-Bretagne se sont décidés à la dernière minute à être
présents quoiqu'au niveau de leur ambassadeur. Ce boycottage
"relève de l'arrogance et de l'égoïsme et est à l'origine des
problèmes dans le monde", a commenté lors d'une conférence de
presse Mahmoud Ahmadinejad, le seul président présent lundi à
Genève.

Absence de Calmy-Rey

De même, la ministre des Affaires
étrangères Micheline Calmy-Rey a décidé de ne pas participer
personnellement à la conférence onusienne contre le racisme, a
annoncé lundi le DFAE. La Suisse est représentée par son
ambassadeur auprès de l'ONU, Dante Martinelli. Interrogé sur les
raisons de son absence, le porte-parole du DFAE a expliqué que la
plupart des autres pays ne sont pas représentés au niveau
ministériel. Elle "n'a jamais annoncé qu'elle assisterait à la
conférence", a-t-il relevé.



Dimanche sur TV5, la conseillère fédérale disait ne pas vouloir
"participer à un dérapage généralisé sur un sujet aussi sérieux que
le racisme et l'antisémitisme".



agences/lan

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La conférence se poursuit

Outre le "problème Ahmadinejad", la plupart des pays occidentaux ont émis des doutes sur le projet de déclaration finale, élaboré par les diplomates.

Le document, entériné vendredi par le comité préparatoire de la conférence, ne fait pourtant plus mention d'Israël ni de la diffamation des religions, deux "lignes rouges" pour les Occidentaux, tandis que le paragraphe sur la mémoire de l'Holocauste était maintenu contre l'avis de l'Iran.

Les discussions sur ce texte pourraient se poursuivre cette semaine, dans l'objectif d'une adoption vendredi, au dernier jour de la Conférence.

Comme en 2001, les dérapages de la journée pourraient selon les observateurs ne pas empêcher un consensus final.