Conseiller de campagne de Trump, George Papadopoulos livre sa vérité

"C'est effrayant car ce n'est jamais arrivé dans l'histoire. Le Watergate était un simple cambriolage dans un hôtel, où des gens ont été arrêtés et Nixon a dû démissionner. Mais ici, vous avez le FBI, la CIA, les services secrets britanniques, australiens, et même italiens qui sont impliqués", accuse George Papadopoulos dans un entretien qu'il a accordé à la RTS à Los Angeles où il tente avec son épouse, Simona, d'oublier les affres de l'affaire russe.

Quand les agents du FBI sont venus chez moi en janvier 2017, il était clair qu'ils savaient déjà tout de moi

Car à moins de 30 ans, chargé des affaires internationales dans l'équipe de campagne du candidat républicain Donald Trump, il s'est retrouvé au coeur d'une succession de rencontres dignes d'un roman d'espionnage avec des personnages qui tous tentent de le faire parler de la Russie.

Ses déboires judiciaires commencent par une rencontre, en avril 2016, avec un mystérieux professeur maltais, Joseph Mifsud, qui lui annonce que les Russes possèdent des e-mails de leur adversaire démocrate, Hillary Clinton. "C'est l'homme clé de toute l'affaire russe", estime George Papadopoulos.

>> Ecouter les explications de Philippe Revaz: "Une version expurgée de l'enquête sur l'ingérence de la Russie dans la présidentielle de 2016 et le président américain Donald Trump a été révélée jeudi" :

Agent double ?

"Il m'a été présenté par un intermédiaire du FBI à Londres, où je travaillais à l'époque. Je l'ai rencontré à Rome, au Link campus. C'est une université pour espions dans laquelle la CIA et le FBI forment différents agents. Donc j'aurais rencontré un agent russe à une école de la CIA? En outre, il a été incapable de m'organiser une rencontre entre Trump et Poutine, comme il le promettait. C'est un personnage très intéressant, si vous observez ses connexions. C'est une énigme incroyable. Quand vous y pensez, il pourrait être potentiellement un agent double", avance-t-il même.

Joseph Mifsud est en lien avec le FBI mais il parle au club Valdai en Russie

Car pour George Papadopoulos c'est certain, il s'agit d'un agent du FBI ou d'un service allié auquel le renseignement américain aurait sous-traité la surveillance du camp Trump. "La FBI, la CIA, les services britanniques et australiens ont donc travaillé ensemble contre la campagne d'un candidat à la présidence. Voilà la vraie histoire. Et quand elle sortira, elle va choquer l'Amérique".

Un livre pour en parler

Condamné en septembre 2018 pour avoir menti au FBI sur les dates et la nature de ses contacts avec Joseph Mifsud, George Papadopoulos multiplie les attaques contre l'enquête du procureur Mueller depuis qu'il a purgé en décembre sa peine de 14 jours de prison.

C'est pour donner sa version des faits qu'il a écrit un livre, publié le 26 mars aux Etats-Unis. Et dans ce théâtre d'ombres, peuplé d'agents doubles ou triples, l'ancien conseiller de Trump a pour lui ce rapport - publié en intégralité jeudi - qui n'a trouvé après 22 mois d'enquête aucune conspiration criminelle de la campagne Trump ou d'autres Américains avec la Russie.

>> Lire : "Pas de coopération" entre Donald Trump et les Russes

Propos recueillis par Philippe Revaz/ Adaptation web: Juliette Galeazzi