"Le prisonnier britannique a été tué afin qu'il comprenne, et
avec lui l'Etat britannique, une petite partie de ce que subissent
chaque jour les musulmans entre les mains de la coalition des
Croisés et des Juifs, de l'Orient à l'Occident", a indiqué mercredi
Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
L'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC)
menaçait depuis plusieurs semaines d'exécuter l'otage britannique
si Londres ne libérait pas Abou Katada, un islamiste jordanien
détenu depuis 2005 en Grande-Bretagne et le bras droit en Europe
d'Oussama ben Laden. AQMI avait repoussé un premier ultimatum
jusqu'à la fin mai. Selon le quotidien algérien El Khabar, le
groupe réclamait aussi dix millions d'euros en échange des deux
otages.
L'otage suisse serait en vie
Le communiqué d'AQMI, selon SITE, un centre américain spécialisé
dans l'étude des sites islamistes, ne dit rien du sort du touriste
suisse enlevé fin janvier avec le Britannique et retenu en otage
par le même groupe.
Mais une source proche du dossier a fait savoir mercredi que
l'otage suisse est encore en vie, a-t-elle fait savoir mercredi à
Bamako. Le Britannique aurait été exécuté dimanche sous ses
yeux.
Les fronts risquent de se durcir, a encore estimé cette source,
qui souhaite garder l'anonymat. Le groupe AQMI maintient ses
revendications, à savoir la libération de l'islamiste jordanien,
Abou Qatada, et une rançon de 10'000 euros (environ 15'000 francs),
a ajouté cette source.
Pour sa part, l'envoyé spécial au Mali de la Grande-Bretagne
Alastair Mac Phail a confirmé l'assassinat de l'otage britannique
par le groupe islamiste. "Ils nous ont donné un délai très court",
a-t-il dit.
Le DFAE "bouleversé"
Le DFAE s'est dit "particulièrement bouleversé par le fait que
les intenses efforts consentis par tous les pays concernés afin
d'obtenir la libération des otages n'ont suscité pour toute réponse
qu'un acte barbare" (lire ci-contre).
Les services de Micheline Calmy-Rey ont présenté aux proches de la
victime et au gouvernement britannique ses condoléances les plus
sincères. Elles sont aussi en pensée auprès de "ceux qui en Suisse
espèrent toujours de tout coeur le retour prochain de l'être
aimé".
Berne poursuit ses efforts
Le DFAE entend poursuivre avec tous ses partenaires - en
particulier en étroit contact avec le président malien Amadou
Toumani Touré - ses intenses efforts afin d'obtenir la libération
du ressortissant suisse.
La conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey a rencontré le
président malien le 17 avril à Bamako. Elle l'a remercié pour son
engagement personnel et les efforts de son gouvernement dans
l'affaire des otages européens: un couple alémanique, une Allemande
et le Britannique enlevés alors qu'ils rentraient d'un festival de
la culture nomade dans la ville malienne d'Anderamboukane.
Une Suissesse libérée en avril
La Suissesse, une Zurichoise de 54 ans, a été libérée le 22
avril au Mali en compagnie de l'Allemande de 77 ans et de deux
diplomates canadiens, dont l'enlèvement avait aussi été revendiqué
par AQMI.
Les otages suisse et britannique étaient aux mains d'un groupe
dirigé par l'Algérien Abdelhamid Abou Zeid. Un responsable malien a
estimé qu'il s'agissait d'un "islamiste violent et brutal". Cet
homme est décrit par les spécialistes des réseaux islamistes comme
étant un ancien lieutenant de Abdelrazack, alias El Para, qui avait
enlevé en 2003 dans le Sahara algérien des touristes européens,
dont quatre Suisses. Les otages avaient ensuite été libérés dans le
nord du Mali.
ats/hof
Gordon Brown condamne
Le Premier ministre britannique Gordon Brown a condamné mercredi l'assassinat revendiqué par la branche maghrébine du réseau Al-Qaïda d'un touriste britannique comme un "acte terroriste barbare".
"Nous avons de fortes raisons de croire qu'un citoyen britannique a été assassiné par une cellule d'Al-Qaïda au Mali. Je condamne de la façon la plus ferme cet acte de terrorisme atterrant et barbare", a déclaré le Premier ministre dans un communiqué.
Offrant aux proches de l'otage "les condoléances de tout le pays", Gordon Brown a souligné les efforts déployés par les responsables britanniques pour éviter cette issue.
Le DFAE se dit "indigné"
Le Département fédéral des affaires étrangères a condamné mercredi "avec la plus grande fermeté" l'assassinat probable de l'otage britannique retenu au Mali avec un Suisse par le groupe Al-Qaïda au Maghreb. Les services de Micheline Calmy-Rey se disent "indignés".