Pouvoir d'achat, retraites, démocratie, institutions, environnement, santé...le président français était attendu sur de nombreux sujets. Il s'est exprimé jeudi durant un discours liminaire de près d'une heure, avant de répondre aux questions des journalistes présents. Au total, la conférence aura duré deux heures et demie.
Après être revenu sur les gilets jaunes, le président d'abord annoncé ne pas retenir le vote obligatoire. "On ne répond pas à la crise par la contrainte. Et une fois l'obligation installée, il est très dur de la faire respecter", estime-t-il. Même sort réservé au vote blanc. "Blanc, c'est l'agrégation des refus, c'est trop facile, ça ne résoudra aucun problème."
Non au référendum d'initiative citoyenne
Emmanuel Macron souhaite que des citoyens tirés au sort puissent participer à un conseil économique, social et environnemental (CESE) réformé. "Dès le mois de juin, 150 citoyens seront tirés au sort pour constituer un nouveau conseil de participation citoyenne", a-t-il annoncé jeudi.
Il écarte cependant le fameux référendum d'initiative citoyenne, revendication principale des gilets jaunes. Le président veut néanmoins faciliter la mise en oeuvre d'un référendum d'initiative partagée, en proposant d'abaisser à 1 million le nombre de signatures nécessaires pour saisir le Parlement.
Nouvel acte de décentralisation "clair"
Le Premier ministre Edouard Philippe présentera en mai "une profonde réforme de l'administration" destinée à déployer "plus de fonctionnaires sur le terrain" tout en supprimant des postes en administration centrale.
Déplorant qu'il n'y ait "plus assez de monde sur le terrain" pour "apporter des solutions", le chef de l'Etat a notamment annoncé la création dans "chaque canton", d'ici à "la fin du quinquennat", d'un "endroit où l'on puisse trouver une solution aux problèmes", baptisé "France services".
Statut d'intouchable à revoir
Le président a aussi annoncé qu'il souhaitait mettre fin aux systèmes des "grands corps" de la haute fonction publique, dont les membres sont actuellement selon lui "garantis d'une protection à vie".
"On doit (...) mettre à l'épreuve les jeunes hauts fonctionnaires. Ils ne peuvent pas tout de suite accéder aux postes suprêmes et être garantis de ne jamais les quitter. Je souhaite que nous mettions fin aux grands corps", a dit le chef de l'Etat devant la presse à l'Elysée, qui s'est aussi dit en faveur de la suppression de l'Ecole nationale d'administration (ENA).
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Fin de la sous-indexation des retraites
Sur les plans social et économique, Emmanuel Macron a appelé à "travailler davantage" pour financer la baisse d'impôts, notamment ceux sur le revenu, qu'il veut "baisser significativement" à hauteur de 5 milliards d'euros. Il a aussi annoncé que les règles sur le temps de travail hebdomadaire ne seront pas révisées.
Autre confirmation: la réindexation des pensions de retraites de moins de 2000 euros sur l'inflation. Avec une nouveauté: la fin de la sous-indexation" de toutes les retraites en 2021.
agences/ani
Le cap des réformes sera maintenu
L'objectif d'Emmanuel Macron: "redonner une espérance de progrès à chacun en demandant à chacun le meilleur de lui-même. C’est ainsi que nous reconstruirons l’art d’être Français [...] Une capacité à débattre de tout, en permanence."
Il a souligné jeudi des revendications justes de la part des gilets jaunes, mais aussi que les "transformations en cours ne doivent pas être arrêtées [...] car elles répondent profondément à l’aspiration de nos concitoyens. Je pense que les orientations prises ont été justes à bien des égards. L’école, le mérite, le travail, sont au coeur de nos ambitions."
Le président a révélé ses états d'âme et a dit regretter d'avoir donné "le sentiment" d'être "dur", "parfois injuste". "Ça n'a pas aidé à la cause", a-t-il admis.
Leaders des gilets jaunes insatisfaits
Emmanuel Macron "n'a pas écouté ce qu'on a dit dans la rue depuis cinq mois", a déclaré à l'AFP Maxime Nicolle, l'un des leaders des gilets jaunes. "Il a commencé son allocution par dire que ce qu'il avait fait depuis deux ans c'était très bien et qu'on l'avait pas compris. Nous, on a très bien compris, il est incapable d'un mea culpa."
"Ca sonne creux. Au fond, il garde le cap", a réagi Jérôme Rodrigues, autre figure du mouvement. "C'est un bon tchatcheur, il vendrait du sable à un Berbère dans le désert, mais ça ne prend pas." Lui aussi est très déçu des annonces sur la démocratie. "Il ne peut pas être le candidat du vote blanc forcément, ça lui enlèverait complètement l'ivresse du pouvoir", a-t-il cinglé.