Le forum sur les "nouvelles routes de la Soie" s'est ouvert ce matin à Pékin en présence d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement. Son objectif est de cimenter les liens entre le géant asiatique et ses principaux partenaires commerciaux, dont il a besoin pour assurer son approvisionnement et ses débouchés.
Depuis le lancement du programme en 2013, la Chine a investi au total 80 milliards d'euros dans divers projets et les banques ont prêté entre 175 et 265 milliards, selon Pékin.
Mais des critiques lui reprochent de favoriser avant tout les entreprises chinoises et de constituer "un piège de la dette" pour les nations bénéficiaires de prêts accordés par des banques chinoises, à l'image du Sri Lanka: incapable d'honorer ses remboursements, le pays a déjà dû céder à Pékin le contrôle d'un port en eau profonde pour 99 ans.
Promesse d'abolir les subventions
En réponse, Xi Jinping a plaidé en faveur de projets qui soient "viables budgétairement" pour les pays participants. "Tout doit être fait de manière transparente et nous devons avoir une tolérance zéro pour la corruption", a-t-il ajouté dans un discours d'une trentaine de minutes.
Le président chinois a également appelé à dire clairement non au protectionnisme, un appel repris en écho par Vladimir Poutine, qui s'est exprimé juste après lui. Il a notamment promis d'abolir les subventions "qui faussent la concurrence", une exigence des négociateurs américains qui sont attendus la semaine prochaine à Pékin pour une nouvelle série de discussions visant à mettre fin à la guerre commerciale entre les deux puissances.
Investissements "verts"
La Chine va également promouvoir le développement "vert", alors que certains projets des Routes de la soie, notamment des barrages ou des centrales à charbon, sont parfois accusés d'entraîner des dégâts à l'environnement.
La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde s'était félicitée jeudi que la Chine s'attaque désormais aux questions d'écologie et d'endettement soulevées par son initiative.
L'occident traîne les pieds
Dans l'ensemble, les pays occidentaux traînent les pieds pour adhérer au projet chinois, à l'exception notable de l'Italie, premier pays du G7 à avoir rejoint l'initiative le mois dernier.
>> Lire notre article à ce sujet : L'Italie rejoint les "nouvelles routes de la soie" développées par la Chine
Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte était d'ailleurs, ce vendredi, le seul dirigeant d'un grand pays occidental présent à Pékin, aux côtés du Premier ministre grec Alexis Tsipras ou encore du président de la Confédération Ueli Maurer. La France était représentée par son chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, tandis que les Etats-Unis n'ont pas envoyé de délégation.
afp/vic
Ueli Maurer convaincu
Ueli Maurer, présent à Pékin, a défendu le projet chinois très controversé des Nouvelles routes de la soie dans les colonnes de la NZZ. Selon lui, les milliards investis permettront de créer des emplois, et donc de la stabilité.
Mais avec cette initiative, la Chine sert certainement aussi ses propres intérêts, a reconnu l'actuel président de la Confédération et ministre des Finances, qui ajoute que c'est le cas pour toutes les grandes économies nationales.
"La Suisse est un Etat neutre et indépendant. Nous agissons en suivant ce qui nous paraît juste", a-t-il avancé pour justifier la présence helvète à Pékin. "A un moment donné, il faut se demander si l'on veut empêcher un développement économique ou si l'on veut y prendre part et exercer une influence", a-t-il conclu.
>> Le sujet du 12h45 sur la position d'Ueli Maurer